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Critique de EvlyneLeraut


« À mon père, mon repère » est une noria d'oiseaux migrateurs. Une citadelle riche de secrets, une urgence d'écriture appliquée et respectueuse.
Ici, tout est dualité et contre-feux. Dans ce noble où le pathos ferait fausse-route .
2020, la France ployée sous les affres de l' Ère Covid. Un confinement qui attise les replis intérieurs, les nostalgies et les repentirs, la porte fermée à double tour. Vous savez vous aussi, combien les fragilités se sont cognées et encore en ce jour contre les vitres endeuillées.
Il est l'heure vertueuse et liante des litanies dorées.
Fawaz Hussain est l'exemplarité. Il a en lui cette capacité intuitive, la résurgence souveraine, essentialiste. Dans les bercements de l'ubiquité, la terre magnifiée d'un journal lumineux devient l'omniprésence. Il est des rencontres mémorielles qui ouvrent la cage aux oiseaux. Où l'immobilité réveille les rappels, les senteurs essentialistes. Écrire pour ne pas mourir avant la virginale première lettre de l'alphabet au père, à son père, aux pierres, au sable, au palais d'Apadana à Persépolis, au mouchoir plié en quatre dans sa poche, invisible et théologal. La Mésopotamie syrienne élève les siens à bras le corps. La gestuelle dédiée aux distances qui se savent.
Écrire le voisin et sa femme étrangers sur le même palier, inconnus avant le confinement. Dévoiler les solidarités, les méfiances, les dérapages et les mensonges de l'État. Ce n'est pas la Covid qui régnera . Mais ce récit qui prend place, prière à haute voix vers le silence d'un père décédé avant que son fils : Fawaz lui dise pour le colibri, la larme de trop sur sa joue, le thé vert, les visites trop courtes, les années, sablier irrévocable, l'amour d'un fils pour son père. La Babel refuge, les temples endormis, les chemins effacés par les tempêtes guerrières. Les Kurdes broyés sous les injustices et la constance de la haine envers un peuple affûté à la bonté. Il dit la gravité des chants agonisants, la France bousculée. La pudeur d'une parole à peine murmurée, la caresse étoilée, les terres Kurdes en apothéose. Ce qui fut et adviendra Phénix, un autre jour, pas maintenant, mais dans l'heure macrocosme. « À mon père, mon repère » est un feu de camp, un sous-bois, le souverain des importances. L'exil crépuscule, la plénitude des résiliences. Mémoriel, touchant et magistral.
Ce livre est beau à pleurer. J'aurai été fière de l'éditer. Publié par les majeures Éditions du Jasmin.
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