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Critique de MarcelP


Un avant-goût de Nana, mais concentré, compendieux. Un Zola ristretto en quelque sorte : puissant, âpre et corsé que le barista Huysmans vous sert sans une goutte de lait mais dans une délicate tasse de porcelaine rocaille.

Dans cet abrégé de la vie putassière, c'est le style qui emporte tout. Huysmans entrelace son récit de préciosités, d'archaïsmes et de raretés comme autant de fils d'or dans une trame bourbeuse. Car elle se roule dans la fange, sa gironde Marthe : ni chanteuse convaincante, ni cocotte convaincue, elle ne quittera jamais vraiment sa flache natale et, fille de rien, elle finira femme de tous. Tentant de s'acheter une respectabilité -toujours encartée cependant- avec Léo écrivain impécunieux, elle le quittera pour un minable paillasse roi de la roustée, Ginginet le boit-sans-soif, avant de rouler dans le caniveau d'où elle ne se relèvera plus.

A lire Marthe on découvre un lexique musqué, raffiné, chypré, on barbote dans un marigot expressionniste (amoureux de Grünewald, il anticipe Grosz et Dix), on s'extasie de descriptions mitonnées (une épicerie comme une tache de vomi ou un bal de trognes, crayonné lors d'un voyage en train) ou on s'émeut d'allusions picturales (bien avant Swann et son Odette à la grâce botticellienne, Léo est séduit par la ressemblance de sa petite grue avec un portrait signé Ferdinand Bol).

"(...) c'est comme les choses qui seraient véritablement bonnes, ça n'existe pas !" vitupère Ginginet. Huysmans prouve le contraire avec virtuosité !
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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