— J’ai été arrêté, Katérina Egorovna. Mais rassurez-vous, j’ai été lavé de tout soupçon et libéré, martela Zaïtsev d’une voix forte. Chez nous personne ne jette les innocents en prison. On est en Union soviétique, pas en Amérique.
Au mot “arrêté”, les yeux de la voisine se mirent à cligner, pris de tics nerveux. On aurait dit deux souris grises affolées.
Là-bas dans la prison de la Chpalernaïa, il n'était pour ses tortionnaires qu'un amas de chair qui ne pouvait rien avoir d'humain. Ni sentiments, ni habitudes, ni désirs, ni pensées, ni droits. Il n'était bon qu'à ressentir la terreur ou la douleur. (P.85)
Dans le hall régnait maintenant une odeur de tabac et de corps mal lavés. L'Union soviétique était un Etat de citoyens égaux en droits. Mais ceux qui sentaient le dentifrice à la menthe et la savonnette parfumée ne hantaient jamais les files d'attente. Y compris celle du hall d'accueil de la Crim. (P.60)