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Critique de Carteroutiere


A la radio, j'ai entendu un général français expliquer que l'armée faisait appel à des écrivains de science-fiction pour imaginer des scénarios du futur et s'y préparer.

Et bien, c'est un peu ce sentiment que j'ai eu en lisant ce livre. Nous sommes en 2048 en Egypte. Tous les non-musulmans ont disparu du pays (convertis ou exilés) et le pays vit en circuit fermé avec au nord (Alexandrie) les gens « biens » et riches, au centre (Le Caire) la classe moyenne et les pauvres et les non respectueux au sud (Assouan). L'Egyptien « moyen » est conditionné par la pratique intensive de la religion qui lui donne droit à des bons points, et lui évite l'exil dans le sud, et la consommation effrénée qui le rassure.

Dans ce contexte, Donia Nour cherche à échapper à ce système en amassant de l'or pour s'enfuir. Comment ? En se mariant et démarrant le même jour. Elle reçoit à chaque fois un douaire en or. Mais tout va se compliquer à 33ème mariage, mariage qui devait lui permettre d'atteindre le montant d'or espéré.
Entre un père qui se promène avec un bonnet anti-démence, un prof de philo téléporté depuis l'année 1952, des extra-terrestres et des « bonnes » copines qui la soutiennent, Donia va être soumise à rude au niveau de ses croyances.

Une occasion pour l'auteur de régler ses comptes non pas tant avec l'Islam qu'avec ceux qui s'arrogent le monopole de l'interprétation et font subir aux autres des règles de moralité qu'ils sont loin eux-mêmes de respecter.

Au delà de l'aspect islamique, c'est toute une réflexion sur la dictature des esprits quelle que soit la religion ou la philosophie derrière cela.

Ce livre est intéressant à plusieurs titres :
D'abord il est divertissant et plein de rebondissements.
Ensuite, dans un monde où les religions et plus généralement les systèmes de pensées se durcissent, il attire notre attention sur l'hypocrisie de façade.
De même, son allusion à la consommation n'est pas neutre. Notre boulimie de consommation est polluante (gaspillage, déchets) et nous empêche / évite de voir les vrais problèmes liés au réchauffement climatique qui nous attendent.
Enfin, il nous renvoie à notre libre arbitre et à notre morale. Au lieu d' »acheter » du « prêt à consommer » chez les « vendeurs » de morale, il nous incite à faire la part de ce qui est nécessaire en termes de morale pour vivre ensemble, nu plus, ni moins. Après, vous pouvez toujours « coller » une religion ou une philosophie là-dessus, mais en se rappelant que seul Dieu peut interpréter correctement le texte. Alors, autant faire bon usage de son intuition.

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