AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782207136195
368 pages
Denoël (05/04/2018)
4/5   11 notes
Résumé :
Égypte, 2048. Le pays est sous l’emprise du Nezam, dictature d’un genre nouveau, mariage infernal entre consommation et religion.
Avide de liberté et incapable de s’adapter à cette étrange tyrannie, une jeune femme, Donia Nour, n’aspire qu’à une chose : quitter le pays. Malheureusement les frontières sont étroitement surveillées et le passage en Europe coûte un kilo d’or. Elle décide donc de tirer profit du système : elle épouse régulièrement des hommes fort... >Voir plus
Que lire après Le 33e mariage de Donia NourVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
En 2048, l'Egypte a été divisée en trois strates, géographiques et sociales : le Nord, avec les notables, les gens de pouvoir, aux villas prestigieuses ; le Centre, avec la majorité de la population vivotant au gré des annonces du Nord, travaillant pour lui, correspondant plus ou moins aux classes moyennes ; le Sud, avec les exilés et les plus pauvres, ceux qui n'ont pas assez respecté le Coran et qui doivent travailler comme des esclaves à la découverte de reliques d'Egypte antique pour le Nord. Cette nouvelle Egypte a vu le jour dans les années 2020, après la Révolution de 2011, grâce au Nizam, entité dictatoriale se servant de la technologie, et pour redonner aux citoyens la ferveur religieuse – chaque prière, chaque comportement qui respecte les écritures coraniques permet de gagner des Bons Points ; l'inverse entraîne emprisonnement, exil… -, et pour les pousser à la consommation – ils sont ainsi assaillis, par exemple, de rêves-pub pendant leur sommeil. C'est une société ultra-religieuse, ultra-capitaliste, qui pousse autant à la connaissance parfaite de versets qu'à l'achat des articles dernier cri, mais aussi ultra-surveillée par des robots-drones, les Gardiens des Moeurs, garants de toutes les bonnes ou mauvaises actions des Egyptiens.

C'est dans cette société qu'évolue Donia Nour, jeune femme de 22 ans qui a pris le parti de s'en échapper via une méthode bien peu conventionnelle qui lui aura, finalement, été imposée dès son plus jeune âge, à ses 13 ans. Mais alors qu'elle est sur le point de parvenir à son but, tout ne va pas se passer comme prévu, jusqu'à ce qu'une rencontre inattendue lui permette de s'extirper de ses terribles mésaventures.

Voilà une dystopie qui, sans être foncièrement originale, dénonce, avec beaucoup de pertinence, le pouvoir des religions – pas seulement du Coran, comme nous le comprenons au fur et à mesure de la lecture, et c'est tant mieux -, leur hypocrisie au sein d'un ultra-capitalisme qu'elles devraient fustiger, mais avec lequel elles préfèrent, très cyniquement, évoluer en vue du plus important profit possible. Elle mêle subtilement gravité de la situation et évènements ou dialogues humoristiques venant alléger le tout – de nombreuses scènes sont en effet très pesantes, sans surprise en raison du régime politique instauré -, et donne lieu à un ensemble narratif cohérent, bien mené. C'est une découverte comme je les apprécie.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
Commenter  J’apprécie          200
La religion, c'est ce qui empêche le riche d'être assassiné par le pauvre.
Napoléon Bonaparte

En 2048, le e-jab est en train de détrôner le hijab. Il est fait en tissu connecté et affiche de la pub. A chaque heure portée, à toi les points pour aller au paradis ainsi que quelques piécettes. Un must qui se doit d'être couplé au chapelet magique qui te donne des points supplémentaires si tu fais bien ta prière. Et si tes parents ton choisi un prénom béni, à toi 1000 points supplémentaires.
Bienvenue au Nizam, une dictature théocrate consumériste égyptienne

Les clés de ce monde dystopique nous seront livrés par Donia Nour, employée pas très modèle, à la foi peu religieuse, dont l'univers va basculé le jour de son 33ème mariage. Et aussi par celle d'Ostaz en 1950, prof de droit et de philo qui aime débattre. A la veille de son procès pour blasphème, il se fait enlever par des extraterrestres qui voyagent à travers la galaxie à la vitesse de la lumière et ce qui devait arriver arriva avec la loi de la relativité restreinte, à son retour sur Terre, il s'est passé 100 ans depuis son enlèvement...

Religion, place de la femme, relation riche/pauvre, consommation, un roman parfois violent, contrebalancé par l'humour et le cynisme. Il y a de l'inventivité, de l''originalité, dans ce gouvernement d'un pays arabe autarcique qui utilise la religion et la consommation pour rester au pouvoir et asservir la population.

Une critique acerbe, aiguisée et virulente de la religion, à la manière d'un James Morrow. L'auteur condamne fermement les oeillères, le fondement d'une manière de vivre sur un texte écrit il y a quelques milliers d'années et le manque d'ouverture à l'autre. La foi n'est qu'une chaine qui vous maintient à votre place, d'autant lorsqu'elle est au main des puissants. Et sa satire est argumentée, moi qui déteste les bigots, les religions et les dieux, j'étais aux anges.Pour autant, l'auteur ne laisse pas son intrigue de côté, et j'étais impatient de savoir comment tout cela allait se terminer.

J'ai souvent lu des romans sur la critique de la religion catholique, mais c'est la première fois que j'en lis sur l'Islam. Une très bonne découverte. Si vous aimez les dystopies, les romans féministes, si vous adorez James Morrow, jeté un oeil sur ce roman
Commenter  J’apprécie          100
J'ai beaucoup aimé ce roman dystopique qui se situe en Egypte en 2048. L'Egypte est gouvernée d'une main de fer par un régime théocratique dont le but est d'assurer une vie éternelle de qualité à sa population (régime transcorporel…), via l'octroi de bons points obtenus par la prière et les achats. Cet état surveille donc constamment ses concitoyens pour maîtriser toute révolte dans l'oeuf, à la manière de 1984 (référence revendiquée par l'auteur).

Le peuple est contrôlé grâce à deux axes : la religion et en particulier sa part sombre avec l'intolérance et la peur et la consommation à outrance. On sent de plus que la cohabitation entre les hommes et les femmes est au centre de l'attention des lois de cet état pour juguler toute forme de désir autre que “matériel”.

J'ai trouvé tous ces aspects-là très bien traités et amenés au fur et à mesure du roman pour montrer toute l'étendue de la théorisation du contrôle de la population par les oligarches. Certaines idées très originales m'ont beaucoup plu :

Toute la partie sur la place de la femme dans la société est aussi traitée de façon très juste (j'ai presque été surprise que l'auteur soit un homme) centrée sur la maîtrise du corps de la femme. L'auteur critique clairement la vision trop religieuse avec une sexualisation à outrance du corps de la femme qui ne peut donc être que voilé et caché pour juguler les passions que ce corps crée. Toute cohabitation sereine est ainsi interdite car toute interaction est de base suspecte . Et l'auteur montre bien que toute l'agitation autour de la virginité est très hypocrite.

J'ai juste trouvé que l'intervention des extraterrestres Ilmanis était étonnante et trouvait en fait assez peu sa place dans le récit qui aurait pu tout aussi bien se construire sans. Elle décrédibilise assez le roman qui se tient très très bien en terme de critique sociale, même si elle apporte une touche supplémentaire de créativité.
Commenter  J’apprécie          72
A la radio, j'ai entendu un général français expliquer que l'armée faisait appel à des écrivains de science-fiction pour imaginer des scénarios du futur et s'y préparer.

Et bien, c'est un peu ce sentiment que j'ai eu en lisant ce livre. Nous sommes en 2048 en Egypte. Tous les non-musulmans ont disparu du pays (convertis ou exilés) et le pays vit en circuit fermé avec au nord (Alexandrie) les gens « biens » et riches, au centre (Le Caire) la classe moyenne et les pauvres et les non respectueux au sud (Assouan). L'Egyptien « moyen » est conditionné par la pratique intensive de la religion qui lui donne droit à des bons points, et lui évite l'exil dans le sud, et la consommation effrénée qui le rassure.

Dans ce contexte, Donia Nour cherche à échapper à ce système en amassant de l'or pour s'enfuir. Comment ? En se mariant et démarrant le même jour. Elle reçoit à chaque fois un douaire en or. Mais tout va se compliquer à 33ème mariage, mariage qui devait lui permettre d'atteindre le montant d'or espéré.
Entre un père qui se promène avec un bonnet anti-démence, un prof de philo téléporté depuis l'année 1952, des extra-terrestres et des « bonnes » copines qui la soutiennent, Donia va être soumise à rude au niveau de ses croyances.

Une occasion pour l'auteur de régler ses comptes non pas tant avec l'Islam qu'avec ceux qui s'arrogent le monopole de l'interprétation et font subir aux autres des règles de moralité qu'ils sont loin eux-mêmes de respecter.

Au delà de l'aspect islamique, c'est toute une réflexion sur la dictature des esprits quelle que soit la religion ou la philosophie derrière cela.

Ce livre est intéressant à plusieurs titres :
D'abord il est divertissant et plein de rebondissements.
Ensuite, dans un monde où les religions et plus généralement les systèmes de pensées se durcissent, il attire notre attention sur l'hypocrisie de façade.
De même, son allusion à la consommation n'est pas neutre. Notre boulimie de consommation est polluante (gaspillage, déchets) et nous empêche / évite de voir les vrais problèmes liés au réchauffement climatique qui nous attendent.
Enfin, il nous renvoie à notre libre arbitre et à notre morale. Au lieu d' »acheter » du « prêt à consommer » chez les « vendeurs » de morale, il nous incite à faire la part de ce qui est nécessaire en termes de morale pour vivre ensemble, nu plus, ni moins. Après, vous pouvez toujours « coller » une religion ou une philosophie là-dessus, mais en se rappelant que seul Dieu peut interpréter correctement le texte. Alors, autant faire bon usage de son intuition.

Commenter  J’apprécie          00
De la SF qui se passe dans un pays arabe et cite le Coran est assez rare, si je ne m'abuse. Hazem Ilmi frappe fort sur son pays, l'Egypte, dont il regrette la direction politique et sur l'hypocrisie de ses dirigeants. Ilmi connaît et aime la religion musulmane, ça transparaît et il l'écrit, mais en craint les dérives quand elle est mal interprétée, dérives qui peuvent mener à une dictature théocratique et complètement absurde. Ilmi dépeint une Egypte gouvernée par des hypocrites qui détournent l'Islam à leur profit pour asservir la population laissée dans l'ignorance, et où la population est fanatique de religion et de consommation.
Donia Nour est moins embrigadée que ses concitoyens et semble représenter une force de rébellion qui ne demande qu'à entrer en action. Ostaz, professeur d'université enlevé par des extra-terrestres en 1952 est ramené en Egypte un siècle plus tard pour aider Sonia à mettre à bas un système injuste et inique.
Hazem Ilmi est un pseudonyme. L'auteur est un neuroscientifique égyptien qui a écrit ce livre en allemand sans doute pour minimiser les risques. Si le roman était écrit directement en arabe, l'auteur risquerait la fatwa tellement sa critique de l'islam est violente parfois.
Commenter  J’apprécie          50

Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
Ses parents l’avaient appelée Donia, « le monde », parce que sur son visage ils croyaient voir le monde tout entier. Ce n’est que plus âgée qu’elle saisit toute l’ironie de son prénom. Donia Nour : « Monde Lumière ».
Elle dut cependant apprendre que ce monde était plein de ténèbres. Un peu plus loin, là où les produits cosmétiques encadraient le miroir, elle était « devenue femme ». C’était du moins ce que son père avait dit. Elle n’avait que neuf ans, et avait cru que les quelques gouttes de sang dans sa culotte constituaient une punition divine.
Commenter  J’apprécie          10
Cela ne pouvait pas être dû à son âge. Il avait soixante-neuf ans, mais le système de santé dont bénéficiait tout habitant de l’Égypte du Nord était si performant qu’il en paraissait à peine cinquante, et se montrait toujours assez viril pour faire crier ses trois femmes, ainsi que sa bonne. Son problème, ce n’était pas l’impuissance. C’était le dégoût.
Pour la première fois, la fille de ses fantasmes le dégoûtait. Tout en essayant de jouir coûte que coûte, il se mettait à la frapper. Il la frappait parce que, au moment où il cédait et lui laissait prendre l’initiative, il était certain que cent hommes avaient été en elle avant lui. L’image de leurs sexes restait gravée dans son cerveau.
Mais la vraie source de son dégoût, ce n’était pas la fille. C’était lui. Car lorsque ces images d’autres hommes l’assaillaient, il ressentait une stimulation inappropriée. Il les repoussait aussitôt, mais les hommes le touchaient de façon excitante, juste un instant, une fraction de seconde de trop, durant laquelle il leur cédait et leur permettait de participer, de le toucher, de le caresser, de…
Commenter  J’apprécie          00
L’histoire des civilisations est marquée par une idée fixe : rendre supportable les quelques décennies que dure une vie humaine. [...] Mais l’éternité ? Une société qui a été fondée pour préparer - avec les outils de la civilisation - ou, mieux, pour assurer l’accès à une qualité de vie éternelle: tel est le but véritable de tout gouvernement ! Ainsi donc, soyez les bienvenus, frères et soeurs, dans l’Egypte nouvelle, la première société où la vie ne tourne pas autour de ce monde, mais autour de l’éternité, au-delà de la mort et du corps.
Commenter  J’apprécie          10
En grandissant, il comprit que débattre, remettre en cause les opinions des gens était sa manière à lui de se sentir en lien avec eux. En fin de compte, son amour du débat signifiait que pour sa future carrière il avait le choix entre le droit et la philosophie. Pour finir, il avait obtenu un diplôme de fin d’études dans ces deux disciplines. Ce qui le passionnait le plus, c’était de remettre en cause jusqu’aux ultimes fondements des choses. Mais ce qui lui manquait le plus, c’était d’apprendre à ses étudiants à faire comme lui.
Commenter  J’apprécie          10
Ici, les riches prennent les organes des pauvres, mais de mon temps ce n’était pas si différent. Les pauvres étaient déjà plus un moins considérés comme un réservoir d’organes, comme des corps que les riches utilisaient pour construire leurs villas ou leurs routes en échange de quelques sous. Au lieu de les éviscérer, ils exploitaient leur force de travail jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien d’eux. Ils s’appropriaient leurs entrailles exactement comme aujourd’hui, mais de façon plus discrète, plus diffuse.
Commenter  J’apprécie          10

autres livres classés : littérature egyptienneVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Lecteurs (40) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4873 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *}