Loin de sa série mettant en scène le célèbre commissaire Erlendur, l'Islandais
Indridason nous surprend avec ce roman dans lequel le lecteur se laisse délicieusement piéger…
" […] je ne savais rien sur
Betty, à part que je l'aimais plus que ma propre vie. Il n'est sans doute bon pour personne d'aimer comme j'aimais
Betty. Dans mon cas, ça s'est terminé par une tragédie. "
L'auteur de cet aveu n'est autre que le narrateur du roman qui, du fond d'une cellule de détention provisoire, va remonter le fil d'une histoire ambiguë de sexe et de mort. Tout commence comme un rêve qui dérape en fait divers tragiquement banal : une femme terriblement séduisante propose au personnage principal de travailler pour son mari, riche armateur à la recherche d'un conseiller juridique. Troublé par l'insistance de
Betty qui ne tarde pas à lui faire des avances, notre héros se laisse tenter par cette épouse à protéger car "parfaite" victime d'un mari violent.
A partir d'une trame classique maintes fois revisitée par les maîtres du roman noir – la citation en exergue du mythique
le facteur sonne toujours deux fois de
James M. Cain en témoigne –, à savoir le trio mari brutal trompé/femme fatale/amant naïf piégé –
Indridason courait le risque de ne pas faire preuve d'originalité. Pour une raison cruciale révélée au beau milieu du récit mais qu'il me faut taire afin de ne pas trahir la surprise du coup de théâtre, le lecteur tombera sous l'emprise de ce puissant philtre amoureux et romanesque.
Soumis aux interrogatoires de la police, dont un certain Erlendur qui fait une brève mais remarquée apparition pour les fans de la série (bien que ce court roman soit écrit avant), le narrateur pourra-t-il enrayer la parfaite mécanique de l'attraction pour la sulfureuse
Betty ? Qui manipule qui ? Et pour quelle obscure raison ? C'est tout l'enjeu du secret tissé autour de l'énigme féminine (méfiez-vous des apparences !) qu'il faudra lever pour espérer vous désensorceler de ce "Dahlia noir" tout droit venu d'Islande.