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Citations sur Rousse ou Les Beaux Habitants de l'univers (27)

Rousse était jeune renarde à robe flamboyante, dont beauté et finesse d’esprit attiraient de nombreux soupirants, mais Rousse tous refusait, utilisant griffes et dents, fuites ou combats si nécessaire, dissuadant d’insister mâles plus tenaces. Rousse était libre et solitaire et tenait à le rester.
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Au matin, alors que Rousse s'apprêtait à reprendre sa marche, cœur lourd de quitter Brune, celle-ci décida de l'accompagner. Si elle parcourait vaste monde depuis toutes ces années, c'était aussi pour suivre chemins que rencontres de hasard lui proposaient, comme se lancer sur chemin de lointaines montagnes en compagnie d'une renarde encore inconnue hier. Il y avait bien longtemps qu'elle n'avait plus ressenti douceur soyeuse de lisse neige sur sa fourrure, odeur fine et bleue du froid pénétrant ses naseaux, bien longtemps qu'elle n'avait pas pataugé dans eaux glacées de torrents de montagne à guetter vif et délicieux poisson. Et puis, elle n'était pas ourse à sauver vie de jeune renarde inexpérimentée pour la laisser ensuite traverser seule étendue inhospitalière, immense plaine comme calcinée et sans limite, et où dangers étaient probablement plus faciles à rencontrer qu’eau et nourriture ainsi qu’aimable compagnie.
Alors, tandis que rouge soleil levant allongeait leurs ombres devant elles, Rousse se retourna pour contempler une dernière fois Forêt Biscornue. Son regard se porta au-delà vers Sombre Forêt dont verts houppiers se fondaient dans distance, pâles langues de brume du matin, et Rousse se demanda si elle reverrait un jour Bois de Chet qui l’avait vue naître.
Ourse et renarde se mirent en marche.
(p.37)
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Rousse ne connaissait pas étendue de Sombre Forêt, et à mesure que soif et faim en elle grandissaient, Rousse désespérait d'atteindre inconcevable orée. À un moment, elle pénétra dans rares rayons de soleil qui parvenaient à percer épaisse canopée. Elle s'assit au centre de ce puits de lumière, lovant sa queue sur pattes arrière, offrant fin museau à vivifiante lumière. Pupilles réduites à deux traits noirs dans ambre jaune des iris. Rousse se tint ainsi immobile, emplissant ses poumons de particules d'or du soleil, ne pensant plus à rien, laissant muscles endoloris se détendre, cœur ralentir battements désordonnés, tandis qu'imperceptible gémissement s'échappait de sa gueule entrouverte. C'était comme puissante énergie qui pénétrait son corps.
(p.22-23)
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Je comprends paroles de vieux corbeau. Sage. Sentencieux. Mots disent, mots racontent, mots expliquent. Mots inventent univers.
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Ainsi se déroulait courte ou longue vie de toute créature, un temps chasseuse affamée, un temps proie terrifiée. Un temps en quête d’énergie vitale, un temps luttant pour préserver sienne. Car, pour finir, qu’importait aux vivants, sinon de se préserver, se perpétuer, se transmettre. Du plus faible au plus fort, du plus inexpérimenté au plus retors, du plus lent au plus rapide. Sang versé, et sang bu.
Herbes, plantes, arbres, fleurs, feuilles et troncs, tous aussi participaient au cycle. Tous offraient leur part.
Rouge ou verte était sève de vivants.
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Quand très vieux hêtre n’était que mince baliveau à peine sorti de sa graine, peuple des Faces Plates vivait partout sur terre. Peuple puissant, chasseur prédateur, Peuple destructeurs. Faces Plates occupaient monde entier et dévoraient toutes autres créatures. Tuaient peuples de terre, airs et eaux. Brisaient roches, creusaient montagnes, asséchaient rivières, détournaient fleuves, rasaient forêts, brûlaient plaines.
Certains disent qu’ils voulurent même posséder ciel et étoiles.
Mais un jour, alors que vieux hêtre était encore jeune arbre, peuple des Faces Plates malgré son immense puissance, malgré solides tanières malgré faraille, malgré savoir et pouvoir, disparut comme poussière au vent, comme rides sur étang. Comme rosée sous brillant soleil.
Disparut sous violent feu tombé du ciel, feu foudre, foudre, soleil, qui brûle roches et vivants.
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Sans nul regard en arrière, car sinon trop grand aurait été son chagrin, trop prégnante sa nostalgie. Car Rousse en avait inexplicable intuition, sur rive du fleuve l'ayant vue naître et grandir, jamais elle ne reviendrait.
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Je suis vieille vivante, un jour viendra dernier prédateur, celui que nulle créature, même puissante, même forte, même vaillante combattante de griffes et de dents, courage et ruse, ne peut vaincre.
Et tout sera dit. Je suis Rousse, je suis renarde et je n'ai pas peur.
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Rousse n’était pas triste. Rousse, à présent, savait. C’était douleur et force, c’était joie et précipice, c’était source de lumière dans plus noire des nuits, sombres nuées dans ciel très pur.
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De loin en loin, parmi hautes futaies, apparaissait arbre difforme, comme tordu en tout sens par forces inconnues, insupportable douleur, branches maîtresses touchant terre, ou jaillissant dans toutes directions, s'entremêlant, se repoussant, se nouant, comme se livrant cruelle et trop longue guerre. Feuillage clairsemé par endroits, à d'autres au contraire monstrueusement touffu, vert traversé de lueurs jaunes, rouges, violettes, semblait malade. Certains déjà mourants, ou morts. Se dégageaient de ces créatures contrefaites désagréable impression, âcre malaise, danger insaisissable.
[...] Forêt difforme rendue folle par on ne savait quelle poison, comme vrillée par une tourmante sans fin. Rousse, si elle s'en méfiait, les plaignait aussi, imaginant terrible souffrance de leurs corps torturés. Sol était jonché de branches mortes, nourrissantes, rongées d'énormes champignons blêmes à odeur de cadavre.
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