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Critique de Bookycooky


Deux noms, Confucius et Yasushi Inoué, un auteur que j'adule, donc un livre qui ne pouvait que m'attirer. Inoué comme je m'y attendais ne nous livre pas ici une biographie classique du Grand Maitre. Sur fond de l'une des périodes les plus troublées de l'histoire de la Chine du Ve siècle avant.J.-C, se mettant dans la peau de Yanjiang ( en chinois "Vieux Gingembre") , un homme qui fût au service de Confucius, il nous interpelle indirectement. Trente-trois ans après sa mort, Yanjiang raconte les quinze années passées à ses côtés, en répondant aux questions des membres zélés de diverses sociétés confucéennes.

A partir du Ve siècle avant J.-C, sept grands États émergent en Chine. C'est la période des Royaumes Combattants, qui malgré les guerres incessantes que se livrent ces États, est une période fructueuse, celle de progrès techniques et économiques déterminants et de la naissance dans ce terreau du développement de plusieurs écoles de pensée dont ici le confucianisme. A l'époque, Confucius un haut fonctionnaire de l'Etat de Lu, un savant de renom, décide de quitter son État à cinquante-cinq ans pour un exil et une mission d'enseignement qui vont durer quatorze ans, avec un but 'humanitaire" afin de mettre un semblant d'ordre au chaos régnant ( " le Maitre pensait qu'il fallait commencer par les fondements mêmes de la société humaine. C'est pour cela qu'il insistait autant sur la "foi", (la crédibilité, qui inspire confiance ) et sur "l'humanité"( considération pour autrui ) " ). C'est durant ce pèlerinage que Yanjiang le rencontre et nous raconte la suite de cette intéressante aventure politique et humaine, qu'il qualifie d'errance somptueuse et qui se terminera avec la fin de son exil et son retour à Lu.

Il nous révèle un homme d'une grande sagesse avec une profonde compréhension du domaine de la vie réelle qui pouvait s'adresser et enseigner à réfléchir aux hommes de tout niveaux d'éducation. Justement "Vieux Gingembre" , le narrateur du livre est initialement un marchand ambulant puis factotum. Sa première rencontre avec Confucius est en tant que factotum et il le restera, bien que le Maitre l'accepte dans son cercle restraint de disciples. Inoué en donnant la parole à ce personnage fictif d'homme simple du peuple, pour narrer ce grand philosophe chinois, nous joue le tour de force de montrer que la philosophie de Confucius est à la portée de tous pourvu qu'on ait la volonté de réfléchir, " Maître ne transmettait ni n'imposait un savoir. Il fournissait matière à réflexion …".
Un livre à lire avec un minimum de connaissance historique sur l'époque, car pas facile de suivre tout ces Etats, ces dirigeants, ces dignitaires nombreux, aux noms chinois courts et faciles à confondre. Sans être une biographie fouillée, Inoué nous donne un aperçu assez précis du Grand Maitre, de la base de sa philosophie, de son amour pour les hommes, de sa passion pour la justice, et de sa volonté obstinée de réduire, ne serait-ce que d'une unité, le nombre de malheureux dans la Chine chaotique de cette ère. De la bouche du malicieux "Vieux Gingembre" qui répond aux questions des zélés ,il fait aussi de nombreuses réflexions sur l'essentiel de ses paroles considérées comme paroles d'évangile.
Confucius, dont la philosophie et les citations ont survécu 2500 ans et sont toujours actuelles ( Eh oui, étrange non , 2500 ans et l'homme en tant qu'âme et esprit n'a pas évolué d'une once ! ) est un personnage complexe, hors norme que seul Inoué avec son érudition, son imagination, son sens de l'analyse et sa prose limpide pouvait le raconter aussi simplement.
Un livre intéressant, déroutant, mais dont la lecture nécessite la patience , car beaucoup de répétitions pour pénétrer lentement dans la pensée confucéenne.
C'est son dernier roman, est-ce son testament, l'homme en quête de paix et d'harmonie comme le prônait son Maître ?


"Quand donc les hommes et les États cesseraient-ils de se déchirer ?" p.427








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