Déception... je n'ai pas aimé ce livre de
Inoué, contrairement à mes lectures précédentes du Loup Bleu et du Fusil de Chasse. J'étais pourtant particulièrement motivé par une découverte de ce penseur qui ambitionnait, dès le VIème siècle avant notre ère, d'éduquer les princes, soit un siècle avant
Aristote et près de 2000 ans avant Machiavel.
Je ne peux enlever à
Inoué (et à son traducteur
Daniel Struve) ce grand mérite de mettre à la portée du lecteur français un peu de cette morale positive, qui trouve dans le consentement à l'ordre, la discipline individuelle et la soumission à l'autorité dans l'intérêt collectif la voie de l'harmonie, intérieure et relationnelle, donc politique.
En suivant les tribulations de ce chinois en Chine ( ; ) ) , l'européen pétri de liberté individuelle, d'esprit critique et de perpétuelle remise en question des dogmes judéo-chrétiens , véritable force centrifuge là où le confucianisme s'efforce de ramener les énergies au coeur, s'étonne et trépigne de voir ce sage prêcher en vain dans le désert avec une patience infinie.
Pourtant, la quête vaine de
Confucius pour trouver dans une Chine alors très troublée un prince prenant le temps d'entendre son enseignement au milieu des luttes de pouvoir, et qui ne cesse d'être expulsé pour finalement revenir docilement mourir dans ses terres natales, n'est pas sans rappeler Socrate buvant la ciguë, se soumettant lui aussi à l'ordre terrestre, alors même que l'arbitraire y règne. le sens du devoir, la tolérance et le respect d'autrui prennent parfois des voies insondables pour le profane… mais l'Histoire semble donner raison au sage, puisque l'enseignement du maître, tout comme celui de Socrate, a finalement traversé les millénaires, en imprégnant toute une civilisation.
Inoué parvient donc nous faire passer, dans son roman, finalement fort peu romancé et clairement bien documenté, à la fois une biographie et un premier aperçu, par l'exemple, de cette philosophie pragmatique agissante. Son slyle à la fois tourmenté et élagué, sa poésie (très présente dans
le Fusil de Chasse), ne se retrouve qu'incidemment dans ce roman, qui est avant tout historique. Il nous dévoile le tout par touches concentriques sur 440 pages .
J'ai lu depuis que ce roman s'ouvrait au lecteur curieux et patient… sans doute ai-je manqué du second : pour moi le sujet est intéressant, et l'auteur le connaît parfaitement ; mais le roman est long, redondant, sans action, sans passion, et a suscité un mélange étrange d'intérêt et d'ennui chez l'européen que je suis… ce n'est pas la première fois que j'ai cette sensation en lisant un roman venu d'orient, peut-être comprendrai-je un jour pourquoi… quoiqu'il en soit,
le Fusil de Chasse m'avait séduit,
le Loup Bleu satisfait… voici que
Confucius me laisse un goût désagréable dans la bouche ; merci donc à
Inoué pour cette digne introduction aux analectes, mais je crois qu'une petite pause s'impose dans notre relation… sauf peut-être prendre quelques nouvelles de temps en temps…