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Critique de traversay


Avant le géant enfoui, le dernier roman de Kazuo Ishiguro remontait à dix ans. Depuis, seul un recueil de nouvelles a permis de patienter. Surprise à la découverte du sujet et surtout de l'époque où se déroule l'action de ce nouveau livre : l'Angleterre post-Arthurienne du 6ème siècle, ce haut moyen-âge pendant lequel bretons et saxons vivaient encore dans une paix précaire. Période obscure et transitoire dans un pays que le livre d'Ishiguro décrit et imagine avec une brume persistante qui provoque une sorte d'amnésie collective. Et c'est là où l'on retrouve les thèmes de prédilection de l'auteur : la mémoire et l'oubli, le désir de résilience. Au début du livre, un très vieux couple se décide à quitter leur communauté pour retrouver leur fils depuis longtemps enfui. Leur périple va être émaillé de différentes rencontres. Humaines (un chevalier saxon et son jeune apprenti, un ancien compagnon d'Arthur, des moines trompeurs) et surnaturelles : elfes, monstres, dragonne et autres créatures ... Comment ? Ishiguro aurait écrit un roman de fantaisie médiévale ? Pas si vite, l'écrivain britannique n'est pas Tolkien et si combats il y a dans le géant enfoui, ils n'ont rien d'héroïques ou épiques. Cependant, une quête est bien au centre du récit et elle est inquiète et périlleuse car elle pourrait bien, si le brume se lève, révéler des lambeaux du passé et assombrir l'avenir. Fourbu mais résolu, le vieux couple poursuit sa route, ne cessant de se rappeler leur passion l'un pour l'autre, la peur chevillée au coeur de libérer leur mémoire et d'entacher leur inaltérable amour. Au-delà de son décor médiéval et fantastique, le livre est une allégorie évidente du monde d'aujourd'hui, avec ses guerres et ses haines, et une splendide ode à la vie à deux que le temps et l'habitude ne sauraient préserver des dangers qui pourraient les séparer. Jusqu'à la dernière ligne, la menace stagne comme l'eau croupie d'un étang.
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