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Critique de fissac


En cette période de confinement où l'on est privé de contact réel et où on est contraint de se réfugier dans des relations à distance : télétravail, téléconférence, réseaux sociaux, facebook etc. il est plus que jamais nécessaire de se demander quelle distance on doit observer pour mener à bien une relation, qu'elle soit professionnelle, amicale ou amoureuse. C'est ce que fait Florence Issac dans son recueil de nouvelles, Les mensonges, où les personnages sont toujours menacés de « déborder », de franchir des interdits, et frôlent toujours de très près l'inceste, la pédophilie, ou bien la dépendance et le renoncement à soi. le crime est à la base de toute civilisation, le sacré flirte toujours avec le crime, l'histoire, comme le disent bien les mythes fondateurs, les légendes et les contes, et, comme l'a bien décrit Freud, commence toujours par un crime et se poursuit avec des crimes. L'âme humaine est faite d'ambivalence, mêlée de beauté et d'horreur. L'être humain est comme un funambule qui se meut sur un fil bordé de deux précipices, l'un fait de sublime et l'autre, d'ignoble. C'est ainsi que dès la première nouvelle, on est emporté comme le personnage de Lewis Carroll, non dans un terrier de lapin qui mène au pays des merveilles, mais dans un univers où l'amour y est montré comme une sorte de piège. Un peu comme dans le mythe d'Oedipe, c'est une aveugle qui fait fonction de devin, et qui ouvre les yeux du narrateur et lui fait définitivement observer la « juste distance » qui lui permettra de vivre enfin ses émotions sereinement.
Dans les deux nouvelles suivantes, ce sont successivement la pédophilie et l'inceste qui sont la toile de fond des amours des personnages, comme si les choix amoureux étaient une sorte de réajustement, de remake, des émotions primaires, inscrites dans une mémoire archaïque. Quant à la dernière nouvelle, c'est un conte gigogne qui montre une histoire de harcèlement inscrite dans une autre histoire de harcèlement, et c'est le passé resurgissant sous la forme de lettres, qui permettra une prise de conscience et l'évitement des pièges qui maintiennent prisonnières les deux proies d'un pervers. Comme s'il fallait toujours une deuxième fois, jouant le rôle d'un miroir, pour nous remettre sur la bonne voie. Dans tous les cas, le thème de la transgression, qui est abordé à chaque fois sous un angle différent, mène, sinon à une forme de rédemption, du moins à une sorte de catharsis qui fait que le narrateur, après s'être « frotté » au crime, s'en sort finalement, indemne. Les mensonges, c'est un hymne à la clairvoyance, à l'honnêteté vis à vis de soi-même, plus que jamais salutaire dans ce monde fait de faux-semblants. Pascale Boulineau, Professeure le 02 novembre 2020
Lien : http://www.florenceissac.com..
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