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Critique de fanfanouche24


Récit extrait de "La Jeunesse d'Adrien Zograffi: Codine. Mikhaïl. Mes
départs. le pêcheur d'éponges"[Folio]

Un gamin, l'auteur lui-même, raconte ses débuts dans le monde; voulant aider financièrement sa mère, veuve, blanchisseuse qui se tue au travail, il quitte l'école... se fait embaucher dans une taverne... et nous assistons , révoltés, aux maltraitances faites aux enfants qui travaillent, corvéables à merci, que l'on exploite plus de 18 heures d'affilée, sans la moindre vergogne !!

"Que doit-il savoir, l'enfant qu'on place au service d'un maître ? Qu'il est là pour servir ? Non. Il doit savoir, il l'apprendra tout seul, qu'en dehors d'une fatigue que les lois épargnent aux adultes mêmes, son droit sacré de partir après la journée faite, de sortir dans la rue, de se fondre avec la nuit et avec ses propres pensées, ce droit lui est dénié à lui, le rêveur avide de liberté, à lui, le débutant dans la vie" (p. 31)

Dans ce récit, Istrati se révolte, parle au nom de tous les opprimés, explose de rage en voyant les hommes s'acharner sur plus faible qu'eux, miséreux malchanceux, ou même sur les animaux. Il enrage de constater la noirceur de l'âme humaine, trop souvent... Mais il est aussi illuminé par les rencontres amicales, bienveillantes qui se présenteront sur son chemin, comme ce pauvre "capitaine de bateau", déchu et trahi par sa femme, ayant tout perdu, qui le protégera dans cette première taverne, où il fait l'âpre connaissance du monde du travail..;Ce capitaine Mavromati qui lui fait le plus beau cadeau de la terre à ses yeux... présent qui l'aidera à tenir et à apprendre tout seul , la nuit...

Ce cadeau mirifique, c'est un "Dictionnaire universel":

" Je ne compris pas tout de suite ce que voulaient dire les mots -Dictionnaire Universel-; mais en feuilletant au hasard, je sentis mes jours s'empourprer de plaisir: termes scientifiques et néologismes que j'avais rencontrés dans les journaux et sur lesquels je passais navré, je les trouvais ici rendus à ma compréhension. Les quelques expressions qui s'éclairèrent aussitôt pour moi mirent en branle mon intelligence, m'apportèrent du soulagement au cerveau et de la joie au coeur" (p. 58)

Un court récit mais très dense où le lecteur passe par toutes les émotions, vivant en communion les malheurs, aventures malchanceuses de notre "aventurier" qui veut gagner sa vie, ne plus être à la charge de sa mère, qui est aussi habité par une soif d'apprendre , encore et encore, lui, qui n'aimait pas l'école, à cause de maîtres brutaux..qui brillait cependant en "Lecture".
Une fois parti du système scolaire, il n'a qu'une idée fixe: lire, apprendre la langue de son père: le grec ! et APPRENDRE, tout court.

Comme l'extrait suivant nous le fait sentir, Istrati est en quête d'un sens à sa vie, à l'existence humaine , en général. Il est en recherche ...perpétuelle.
Ces "Départs" s'arrête à son exil en Italie, à Naples...où il mange de la "vache enragée"... Il voulait atteindre la France, mais cela ne se fera que 10 années plus tard, en 1927 !

"Loin, mon ami. Loin, ma mère. Et moi, qu'est-ce que fais ici ! Je pense à notre foyer, humble, mais propre, douillet. Je pense aux camarades de mon âge, presque tous mariés, chacun dans sa famille, à son travail. Pourquoi cette malédiction de ne pas pouvoir faire comme eux, comme tout le monde ?
Qu'est-ce qui me pousse continuellement sur des routes lointaines, quand, dans mon pays, les étrangers mêmes se créent une vie et demeurent ? Qu'est-ce que je veux ? Après quoi est-ce que je cours ? (p. 106)"
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