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Critique de LireEnBulles


Sensor est un récit réalisé entre 2018 et 2019 au Japon, ce qui en fait une oeuvre récente. Ce nouveau récit ne diffère pas des précédents travaux de Ito. On y retrouve les ingrédients qui ont fait de lui un mangaka si populaire. Nous avons de l'horreur cosmique, des femmes hantées, les cultes et autres groupes crépusculaires. Les lecteurs assidus ne seront pas déroutés, et les petits nouveaux peuvent se lancer à la découverte de l'univers de Junji ITO avec ce one-shot. L'histoire est celle d'un journaliste répondant au nom de Wataru Tsuchiyado qui enquête sur une femme, Kyoko, qui semble avoir un grand pouvoir de clairvoyance. Cette dernière est la seule survivante d'une récente irruption volcanique au Mont Sengoku. La dernière fois que ce volcan s'est réveillé, c'était il y a plus de 60 ans, et avait rasé tout un village de personnes vouant un culte au dieu Amagami. Contrairement à Tomié, chaque chapitre est lié créant une narration plus fluide et compréhensible, même si le mystère reste de mise. Toutefois, à force de lire du ITO on commence à percevoir une particularité bien intéressante. Laquelle ? Celle de voir l'auteur partir sur une idée autour d'un personnage, et d'un coup, constater que ce dernier semble avoir un libre arbitre. Je m'explique. Beaucoup d'auteur de romans ou de mangas, peu importe le support, partent avec une idée du héros qu'ils vont écrire. Sur une feuille blanche, ils posent la base de leur histoire, puis ont ces personnages qui vont peu à peu se construire. L'auteur peut partir avec une idée et un objectif concernant leurs héros, mais en cours de route ils s'éloignent du plan venant à les surprendre. Ils avancent souvent l'explication selon laquelle les héros ont pris le contrôle sur la plume de l'auteur. En gros, que l'auteur n'a pas totalement le contrôle de ses personnages de fiction. Ça peut paraître fou, mais c'est au final assez logique. Ici, c'est ce que l'on ressent dans Sensor. Cela a pour effet de créer plusieurs manières de lire, comprendre et interpréter l'histoire. La psyché du personnage n'en est que plus riche et intrigante. le lecteur va forcément se lier à lui, même si avec Junji ITO on est plus dans de la fascination, du voyeurisme malsain et un sentiment de mettre les pieds dans un autre monde. L'écriture et la lecture, sont des choses captivantes, non ? le personnage de Kyoko peut être perçu comme une image contraire de Tomié. Mais elle est plus que ça. Si Tomié était la maléfique, la femme fatale et les ténèbres, Kyoko, elle en est la lumière. le Ying et le Yang qui se complètent et qui captives pour des raisons bien différentes. Sensor est un récit qui entre facilement dans le grand univers crée par Ito, mais elle en ressort comme étant peut-être celle étant la plus positive selon moi. Cette jeune femme aux cheveux d'une blondeur lumineuse possède en elle une vérité suprême, et n'est-ce pas amusant de voir un journaliste – celui qui est sensé dire la vérité au monde entier – courir après elle ?

Bien entendu, Sensor possède d'autres thèmes que ITO va explorer, telle que les sectes ou les cultes. L'aspect cosmique est un point central dans ce récit, et déjà observé dans d'autres oeuvres du mangaka. Plusieurs questions sont posées tout au long du récit, poussant le lecteur à réfléchir au même titre que les personnages. Visuellement, c'est une expérience. Comme pour chacune de ses histoires, Junji ITO nous livre un graphisme percutant, séduisant de par sa singularité et sa sensualité. Car oui, il y a quelque chose de presque charnelle, de dérangeant comme une soirée en club de BDSM. On est hypnotisé, tenté, effrayé, et bien plus. Concernant l'édition, l'équipe de Mangetsu nous ont encore régalé. On notera l'analyse en fin de tome est le texte écrit par ITO revenant sur sa création et sa publication. La traduction est à nouveau signée par Anaïs Koechlin, et qui cerne parfaitement les différents niveaux d'ambiance. Sensor complète parfaitement Tomié dans sa confection. La préface est écrite par Hideo Kojima. Impression et papier de qualité, couverture rigide avec jaquette, dorure, etc. En conclusion, Sensor est une version complémentaire à Tomié, explorant d'autres chemins non empruntés précédemment. Des points récurrents de l'univers de Junji ITO sont présents. S'il marque moins qu'un Gyo, par exemple, il n'en reste pas moins une expérience de lecture enrichissante, particulière, et à faire.
Lien : https://lireenbulles.wordpre..
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