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Critique de Yassleo


Rhoooo mes clichés s'envolent: Claude Izner n'est pas un homme et pire... il n'existe pas! On nous cache des trucs dis donc. En réalité deux soeurs se cachent sous ce pseudonyme. Rhooo.... D'ici qu'on nous dise que George Sand était une femme il n'y a qu'un pas.

Bon la première surprise passée, je me plonge dans ce court roman. Oeil plissé, air dubitatif et moue réprobatrice, je juge l'écriture simplette au premier abord, et l'histoire gentillette.
Mais deuxième révélation: la cible-lecture est le jeune public, ado fin de collège (lu en version numérique, je n'ai pas percuté sur l'éditeur Hachette Jeunesse). Alléluia. Fiat lux, et lux fuit. Tous les étages de mon cerveau engourdi s'illuminent à retardement.
Ben oui, du coup le style et l'intrigue se révèlent sacrément adaptés pour faire découvrir en douceur la rafle du Vel' d'Hiv'.

Nana et Tauba, respectivement 12 et 6 ans sont deux fillettes juives, soeurs en 1942. Elles le sont depuis la naissance oui, mais là on est en 1942. Juillet. du 14 au 16 pour être précis. Donc? Pleine guerre. Bravo.
Et en plein coeur d'un des évènements majeurs: la rafle de milliers de juifs au coeur de Paris en une poignée de minutes.

Mais nos deux gamines sont à des années-lumière des problèmes des grands. La petite, pour sa part, subit les privations comme des punitions: pourquoi ne peut-elle plus jouer au parc? Et pourquoi ne peut-elle pas mettre sa jolie robe blanche sans cette affreuse étoile jaune? 
L'aînee, quant à elle, grandit trop vite, comprend trop vite, et protège de son mieux Tauba. Mais son innocence d'enfant perdure et son regard s'avère criant de vérité : échanger des livres contre de la nourriture, dans quel monde vit-on? Un Victor Hugo vaut bien plus qu'un jambon, faut pas exagérer.
Cette grande réserve d'innocence permettra aux deux fillettes d'affronter les infamies de cette époque.

Le point de vue narratif choisi est celui de Nana, dont le jeune regard regorge de candeur, de naïveté mais surtout de pertinence.
Magnifique ouvrage donc, à conseiller en effet, en parallèle de l'étude de la Seconde guerre mondiale au collège. Mais finalement tout public. Accessible et en marge de la violence de cette époque, la déchirante injustice contre le peuple juif et l'imbécillité de cette guerre et de ses protagonistes serviles apparaissent majestueusement.

Pari réussi Mesdames Claude Izner.


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