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Critique de SZRAMOWO


Souvent, lorsque je n'ai plus rien à lire, je lis ce livre. Il m'intrigue toujours avec autant de force.
La citation de Donoso Cortes en exergue, «La fierté est la forme extrême qu'a revêtu l'impiété.», brouille les pistes, mais illustre à elle seule la dimension religieuse de ce court récit. Et si ce court récit, révélait la dimension mystique de la sensualité exacerbée que nous portons ? Je n'ai pas encore trouvé de réponse à cette question.

Les noms des personnages sont pour beaucoup dans l'attrait du roman :
Teresa de Grajales, Didac Cabanillas, Elena Berrocal, Blas Renfo, Gaspar Guerra, des Catalans, fiers, comme tous les Catalans.

Viennent ensuite les rites des personnages
«Teresa avait bu coup sur coup deux tasses.» (de verveine préparée par Luisa la gouvernante)

Les lieux :
«Barcelone est un port qui vaut deux millions de tonnes. Alors que je ne valais rien.»

L'époque :
«En mars 1927, Didac Cabanillas avait rencontré et était tombé amoureux fou d'Elena Berrocal.»

Leur engagement :
«Cette jeune femme qui ne croyait en rien voulait toutes affaires cessantes ensanglanter les orgies de Primo de Rivera, (...) à genoux (...) alors qu'elle préparait la mèche d'une bombe (...)»
«Je cherchais alors tout ce qui pouvait être propre à servir de mèche pour détruire la dictature du porc.»
Leurs références :
Miguel de Unamuno, Ramon del Valle Inclan, Carl Schmitt, Benn, Ottwalt...
«Toute politique intérieure est une guerre civile fantôme»

Leur sexualité :
«Il s'abattait sur moi certains soirs et tous les matins sans exception. C'était une secousse qui me faisait mal et ne lui arrachait pas un cri si ce n'est une espèce de hoquet. Il se lavait ensuite dans un tub.»
«Tenant par le bras la maigreur féroce de Guerra, Didac Cabanillas était vêtu d'un habit bleu. Par contraste, il se tenait avec une espèce d'ampleur. Il avait le sexe assez gonflé. Il était très attirant.»
«Il me gifla sans un mot avec la même détermination qu'il a mise dans sa carrière, et qui lui a permis de réussir (...)»
«Il est hors de question que je désire jamais votre désir sous cette forme.»
«En quelques jours j'en étais revenue à l'âge où les hommes comme les nourritures remplissent les filles hommes d'un effroyable dégoût.»

L'Espagne :
C'est la honte de l'Espagne entière, pour peu qu'il existe sur terre une Espagne entière.

Didac mort, la dictature chassée par la République, que reste-t-il à Blas Renfo, le narrateur ?
«Je note ces souvenirs dans les derniers jours de novembre 1932.»
«Je sais maintenant pourquoi tous les hommes sont voués à importuner leurs amis des confidences de leurs amours.»

Didac Cabanillas et Elena Berrocal, ont vécu une histoire d'amour, une histoire de haine, magnifiée par leur détestation commune de la dictature.
«(Elena) était pure véhémence, pure impulsion. Elle haïssait tout. Elle haïssait le communisme, le nationalisme, ce qu'elle appelait la putréfaction individualiste, ou encore le retour à la nature, ou ce qu'elle nommait la morbidité bourgeoise.»
«Je suis une petite fille que l'interdiction bouleverse plus que la chose qui est interdite.» disait-elle à Didac Cabanillas.

Didac Cabanillas lui, «avait l'âme généreuse et il aimait donner.»

Elena restera à tout jamais la petite fille impressionnée par ses cours de catéchisme et leurs images : «Maintenant j'ai le désir de rejoindre la paille et la crèche.» ; même si elle les brocarde : «Le christianisme se trouve être la seule religion où Dieu a pris l'apparence d'un fils et c'est la seule religion qui me convienne et qui doit convenir à tous les suppositoires.»

En cela, ils apparaissent comme une parabole de l'Espagne, défaite, meurtrie, abandonnée, au cours des siècles, mais toujours libre et vivante malgré le poids de son passé religieux.

«Dieu est cruel. Son image est muette. Des mains qui sont clouées ne caressent pas.»

«De toute façon, mille ans ou mille lieues de distance ne sont rien à ceux qui doivent se rencontrer.»

Livre admirable dont je ne me lasse jamais.
Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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