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Critique de kedrik


kedrik
08 septembre 2011
J'ai des aprioris plus gros que l'Everest.
Pour moi, le genre policier à la française, c'est comme la bouillabaisse moscovite : ça craint.
Le roman policier, c'est nord-américain par essence. Vouloir y coller un décor franchouillard, c'est comme vouloir tourner un épisode de Rambo dans le Poitou.

La trilogie Fabio Montale avait un deuxième défaut de taille : pour moi, elle était indissociable d'Alain Delon. Pas le Alain Delon façon Borsalino ou Rocco et ses frères, mais l'acteur finissant qui parodie sa marionette des Guignols de l'info.

D'où des attentes très faibles concernant les trois romans de Jean-Claude Izzo.

Une fois n'est pas coutume, j'avais tort.
Fabio Montale est un personnage très intéressant, Marseille fait un décor très sordide pour du bon polar et Izzo démontre à chaque page que sa ville est digne d'Isola ou de Los Angeles niveau crasse et saloperies.
Le Front national, la mafia, les milieux interlopes algériens... tout ce merdier marseillais explose à la gueule du lecteur à mesure que Jean-Claude Izzo lève le voile sur Marseille. Il est sans concession dans sa mise en scène : le réalisme social de ses bouquins est à l'image de son engagement politique (c'est un ancien militant communiste). Adieu Fanny, Marius et Panisse, place aux fils d'imigrés qui manquent d'espoir, aux politiciens qui fricottent avec le Milieu et à cette Marseille façon Babel.
C'est d'autant plus noir que le soleil de Marseille tente de nous éblouir pour faire oublier la misère. Ça parait cliché par moment, mais la réalité est encore pire que ce qu'Izzo décrit.
Et Fabien Montale, simple commissaire de police qui n'est pas taillé pour ce travail, a les mains dans ce cambouis.
Et puis merde, un auteur de polar qui cite IAM, Massilia Sound System ou les Fabulous Trobadors dans ses bouquins, il me touche forcément.
J'ai retrouvé le même plaisir qu'en regardant le film Comme un aimant d'Akhenaton et Kamel Saleh.

J'ai réellement été scotché par ces livres, les dévorants tous les trois en moins d'une semaine. le polar français est viable, je l'ai lu. Et quelque part, je comprends désormais mieux le quotidien de mon beau-frère qui est lui-même commissaire à Marseille.

Richard Boringher a également repris le rôle de Fabio Montale en 2002. En voilà une bonne idée, lui au moins à la gueule et la personnalité pour ce personnage.

Jean-Claude Izzo est mort en 2000. C'est très con de sa part.
Lien : http://hu-mu.blogspot.com/20..
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