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Critique de darkmoon


Hugh Crain, richissime industriel du XIXè siècle a construit Hill House, un monstrueux manoir labyrinthique et ténébreux. La légende veut que son fantôme l'habite encore, entouré des enfants qu'il retenait prisonniers dans ses usines. C'est dans cette maison que le Dr. Montague réunit la jeune et belle Theo, le vénal Luke, et Nell, jeune femme fragile, sensible et vulnérable, sous le fallacieux prétexte de les guérir de leurs insomnies chroniques. Mais le docteur, lui, veut étudier les mécanismes de la peur.

Le profond malaise qui caractérise ce roman est à tel point contagieux que le lecteur devient instantanément le cinquième protagoniste de cette histoire. A moins que la maison, Hill House, ne soit celui-là... Car jamais un édifice n'a été ainsi personnifié, incarné, rendu... vivant ! Porte déformée, escalier brinquebalant, statues aux visages effrayants, corridor interminable, bruits sourds et rires démoniaques se succèdent dans le plus simple appareil, ceci n'empêchant nullement nos épidermes de frémir à ces sensations parfaitement reproduites. Finement alcoolisée de peurs, La maison hantée oscille régulièrement entre une atmosphère lourde et des récurrences liées à nos terreurs ancestrales le tout dans une sobriété sincère collant admirablement avec le contexte. le climat oppressant, la paranoïa ambiante, l'angoisse qui suinte même des murs aux perspectives affolantes car improbables. Et cette porte qui n'en finit pas de se déformer sous la pression d'une force mystérieuse, jusqu'à devenir une véritable bulle de bois... Cette porte, justement, Jackson ne l'ouvre jamais, aucun monstre, aucune apparition ne viendra apaiser notre imagination galopante. Car c'est là le pouvoir hypnotique et terrorisant de ce récit : faire de notre esprit un cheval fou lancé dans une frénésie spéculative...

Cependant plus qu'une histoire de maison hantée, ce roman est aussi le portrait d'une femme qui perd peu à peu la raison en se laissant progressivement dépasser par les événements. Ainsi à travers la description de la folie d'Eleanore dite Nell, le récit semble rester volontairement ambivalent en progressant à la fois sur un mode objectif qui décrit une action autonome de la maison alors qu'au point de vue d'Eleanor dont la nervosité, la culpabilité et l'exaltation morbide ne cessent d'augmenter durant toute l'intrigue, on peut penser alors à travers un mode subjectif que les événements paranormaux sont le fruit de la sensibilité pathologique de certains de ses hôtes. Car c'est peu dire que "La Maison hantée" est fortement empreint de psychanalyse. le concept freudien de l'inquiétante étrangeté parcourt tout le livre. Ce retour du refoulé lié aux expériences infantiles en rapport avec la relation parents/enfant et qui se rappelle à nous dans quelque chose de familier, c'est dans les grandes lignes ce qui arrive à Eleanor. Son arrivée à Hill House réveille ses peurs et ses remords envers sa mère sur laquelle elle a veillé des années durant jusqu'à sa mort, dont elle se sent en partie responsable. le manoir est comme un miroir qui lui renvoi sa culpabilité et son mal-être. Est-ce si surprenant dès lors que Hill House semble étrangement vivant, comme s'il possédait une âme qui lui était propre ?

Un roman d'épouvante intelligent et très prenant. Un chef d'oeuvre inoubliable.
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