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Critique de BMR


BMR
04 décembre 2023
● L'auteur, le livre (304 pages, 2023) :
Un peu dans la même veine que Eric Decouty lu récemment, le journaliste Bruno Jacquin s'est fait une spécialité de polars engagés, inspirés de faits historiques et politiques : bavure militaire au Niger, attentat du GAL au pays basque, ...
Avec sa dernière "enquête", de larmes et de haine, il nous propose de remonter le temps dans l'ombre des hommes de Maurice Papon, d'aujourd'hui à 1940 en passant par 1961.

● le contexte :
C'est un sinistre panoramique historique de plus de quatre-vingts ans que nous offre Bruno Jacquin.
1940 : la France est occupée par les allemands et Bordeaux joue les bons élèves pour répondre aux directives de Vichy et de la Kommandantur. Sous l'égide de Papon et de ses collègues, les rafles et les déportations de juifs vont bon train, quel horrible jeu de mots.
1961 : la guerre d'Algérie est à un tournant, le FLN est actif jusqu'au coeur de Paris même. le 17 octobre, une manifestation pacifiste du FLN tourne mal : la police de Maurice Papon, alors préfet de Paris, use de provocations, chauffe ses agents au rouge et c'est le drame. Plusieurs centaines d'algériens sont tués et nombreux seront ceux dont les corps seront balancés dans la Seine.
Les bus de la RATP sont de nouveau réquisitionnés pour la rafle au Palais des Sports.
2021 : les manifestations se succèdent comme celle des personnels de santé en juin et depuis les gilets jaunes, la répression policière se fait de plus en plus sévère et violente.

● On aime un peu :
❤️ On apprécie beaucoup la leçon d'Histoire donnée par Bruno Jacquin : il n'est jamais inutile de rappeler certains événements historiques et de les mettre en perspective.
Ce dont il est question ici c'est de violence policière, de violence répressive.
Bruno Jacquin a repris dans son livre les propos édifiants et éclairants de Hélder Pessoa Câmara, évêque brésilien :
« Il y a trois sortes de violence.
La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d'hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés.
La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d'abolir la première.
La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d'étouffer la seconde en se faisant l'auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres.
Il n'y a pas de pire hypocrisie de n'appeler violence que la seconde, en feignant d'oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue. »
😕 Par contre le fil rouge de l'intrigue policière qui est supposé servir de guide au lecteur est beaucoup trop ténu. Tout cela est bâti sans grande conviction, autre que la volonté de mettre bout à bout les moments historiques et cela ne suffit pas à tenir le lecteur en haleine. C'est dommage mais, cette fois-ci, la leçon d'histoire salutaire ne suffit pas à faire un bon roman.

● L'intrigue :
Nous sommes invités à suivre les traces d'un homme de Maurice Papon.
Bonnafé est un personnage imaginaire calqué sur des officiers réels. Jeune inspecteur zélé en 1940, nous le retrouverons commissaire aux commandes de la répression sanglante du 17 octobre 1961 et il finira contrôleur général, décoré en 2021 pour bons et loyaux services.
De l'autre côté, un jeune garçon Schlomo Kozlowski, perd ses parents juifs à Bordeaux en 1940 : il n'oubliera jamais le regard de Bonnafé responsable de leur arrestation et de leur déportation.
Aujourd'hui c'est un vieillard qui reconnait au hasard d'un hall d'aéroport le visage de celui qu'il n'a jamais pu oublié et qui l'a rendu orphelin jadis.
Bonnafé a changé de nom pour faire oublier son passé de collabo et d'autres zones d'ombre de son parcours, il s'appelle désormais Boulanger, mais le témoignage de Kozlowski va être pris au sérieux par la journaliste Leïla Laoudi (personnage récurrent des ouvrages de l'auteur) qui entreprend d'enquêter sur Bonnafé/Boulanger.
Va-t-elle réussir à dénoncer le jeune collabo antisémite, le commissaire de police aux méthodes musclées, le vieil homme finalement décoré par la République qu'il a si bien servie au fil des années ?

Pour celles et ceux qui aiment l'histoire la république.
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