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Critique de Levant


On comprend bien avec ce premier ouvrage de la géo biologiste Hope Jarhen qu'il y a d'un côté la scientifique, laquelle regarde les êtres vivants comme une mécanique savante et mystérieuse dont la vocation de chaque individu est de faire survivre l'espèce, et de l'autre la femme qui se dit pour elle-même qu'à cette mécanique déjà complexe, l'être humain, pour ce qui le concerne et favoriser le rapprochement entre gamètes mâle et femelle, doit y ajouter la confusion des sentiments. Alchimie encore plus complexe et génératrice de trop de peurs, de frustrations, d'inhibitions au regard de la simple satisfaction instinctive de se perpétuer. Hope Jarhen regrette de n'avoir reçu de la part de sa mère pour tout amour maternel qu'une froideur toute scandinave. De n'avoir aimé son fils que le jour de sa naissance et l'avoir insuffisamment désiré.

Elle s'est jetée à corps perdu dans sa passion pour la géo biologie et nous la fait partager en termes pas trop savants à nos yeux, précautionneuse de ne pas nous perdre au fil des pages. On reste confondu à pareille lecture de l'incroyable savoir que détient un petit nombre de personnes de la communauté scientifique au regard de la multitude ignorante. Avec pour conséquence le mépris du genre humain pour son environnement, que les quelques avisés comme Hope Jarhen ne parviennent pas à corriger.

Je ne sais pas si je regarderai les micocouliers de l'avenue du Prado à Marseille de la même façon désormais. Car s'il y a une chose que Hope Jarhen sait faire passer dans cet ouvrage, c'est sa passion pour ce monde végétal qui couvre la planète et que l'espèce humaine se plaît à détruire sans considérer combien il est nécessaire à sa propre survie.

Pour ceux qui seraient tentés de croire que les scientifiques américains sont gratifiés de budgets pléthoriques, Hope Jarhen nous convainc à l'évocation de ses combats que, dans ce domaine comme dans les autres, la manne financière ne comblera que celui qui apportera des résultats tangibles, monnayables. Là comme a ailleurs, il faut être "bankable" comme il se dit dans sa langue natale. La géo biologie n'étant pas à cette fin le domaine scientifique le plus propice, surtout lorsqu'on cherche à faire valoir que le vrai scientifique n'exécute pas les expériences qu'on lui dicte, mais développent les siennes propres et génère ainsi un savoir nouveau.

Un ouvrage qui par chapitre alternés nous relate la vie des plantes, celles des hommes qui les observent et cherchent à comprendre comment se réalise le miracle de la reproduction des êtres immobiles. Comment ils franchissements les saisons, supportent les rigueurs climatiques extrêmes. Un ouvrage qui fait comprendre par allusions, sans noircir le tableau mais avec conviction, pourquoi il faut protéger le monde végétal.

L'ouvrage d'une passion servie par des hommes et des femmes désintéressés dont la seule ambition est de mieux connaître le monde dans lequel ils vivent. "Rien ne pouvait entamer cette douce euphorie qu'il y avait à détenir un petit secret que l'univers m'avait confié, à moi seule. Je savais instinctivement que si j'étais digne d'un petit secret, je pourrais un jour être digne d'un grand."

Un ouvrage intimiste sur la vie de celles et ceux qui comme elles se consacrent à la science en gardant les pieds sur terre. L'histoire aussi d'une belle amitié avec son fidèle Bill qui a partagé tant de journées et de nuits de laboratoire penché sur des microscopes et autres spectromètres de masse sans se préoccuper de savoir si sa "patronne" aura les moyens de la payer à la fin du mois.

Je remercie Babelio et les éditions Quanto de m'avoir fait découvrir cette auteure et sa passion.
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