AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de deidamie


« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, un peu de classique avec une longue nouvelle, Les papiers de Jeffrey Aspern, signée Henry James.

Or donc le narrateur, passionné par la vie et l'oeuvre d'un grand poète disparu, découvre qu'une vieille dame possède des papiers inédits dudit poète. Miss Bordereau, tel est son nom, vit seule et isolée avec sa nièce dans une grande maison à Venise. Il loue alors quelques pièces de la maison dans l'espoir d'obtenir ces précieuses sources…

-Pfffff. J'aime pas Henry James.

-Allons, allons. Ne restons pas sur cette première impression, elle date d'il y a des siècles, peut-être avons-nous changé ?

-C'est surtout lui qui devrait changer, mais c'est mal parti, je crois.

-Bref ! Commençons par les points positifs.

-Parce qu'il y en a ? Vas-y, je te regarde et je rigole.

-Alors, pour commencer, la prose est belle. Classique sans lourdeur, efficace, vivante… Je me suis demandé si James n'avait pas inspiré Zweig : j'ai eu la sensation de retrouver le même soin dans la création d'un personnage qui sonne vrai, un personnage rongé par une idée. La voix intérieure est bellement travaillée.

J'ai beaucoup aimé aussi le portrait de Venise, ses palais, ses canaux dont les quais deviennent des scènes de théâtre. Parfois, j'ai eu l'impression que la ville elle-même était un personnage. Ce cadre grandiose prête à rêver : les palais où les intrigues se nouent, et c'est aussi la ville d'une célèbre pièce de théâtre.

-Et voilà. C'est bien connu, il faut une ville super chic pour l'ambiance.

-Tu es quand même obligée de reconnaître que si ça se passait au camping des Flots Bleus, ça aurait moins de gueule, quand même !

-Snob !

-Grmbl. Un autre point positif : les Miss Bordereau. Mettre en scène des mémés, ‘fallait oser ! Elles représentent une époque révolue, elles constituent les témoins d'une histoire mystérieuse et inconnue, à double titre : on ne sait rien de leur vie passée ni présente.

-Hahaha ! On dirait Perceval dans Kaamelott, quand il explique que « les vieux, c'est mystérieux » !

-Ben quoi ? Tu te sentirais pas un peu émue si tu rencontrais, je sais pas moi, une copine De Maupassant ? Ou d'Elisabeth Vigée-Lebrun ?

-Mouais, boah…

-Pour en revenir aux miss Bordereau, le portrait de la nièce, Tina, est tout à fait étonnant : ce mélange de timidité, d'ingénuité et d'audace accentue encore l'impression de mystère. Elle est difficile à cerner.

-Mh-mh. Hé bien pas désolée, Déidamie, mais je suis restée parfaitement froide. Oui, les persos sont intéressants et originaux. Oui, Venise, c'est joli. Toutefois, je n'ai rien éprouvé de profond, je ne me suis pas sentie submergée par un suspense insoutenable. L'histoire a glissé sur moi sans rien imprimer de profond, si ce n'est une vague déception par la fin.

-Ah bon ? Tu as bien dû ressentir quelque chose, non ?

-L'énervement en lisant la quatrième de couverture qui parle de fantastique, ça compte ?

-Non. M'enfin, ce texte possède pourtant d'importantes qualités littéraires !

-Sans doute, mais ça ne suffit pas. J'ai lu cette histoire en restant sans cesse à l'extérieur d'elle, sans vraiment réussir à m'y plonger. Je ne m'explique pas tellement pourquoi, d'ailleurs. Ca ne prend pas, ça ne marche pas… on peut pas aimer passionnément toulmonde !

-Le bon côté, c'est qu'on a découvert qu'Henry James est devenu moins ennuyeux que dans notre jeunesse.

-Mouais, c'est pas encore l'amour foufou, hein… peut-être que dans vingt ans je serais réellement convaincue… »
Commenter  J’apprécie          294



Ont apprécié cette critique (27)voir plus




{* *}