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Critique de Leponeynoir


Ce premier tome reste pour moi un chef-d'oeuvre de la bande dessinée, malgré la violence et la perversité qui s'en dégagent. Et ce pour de multiples raisons.

Nous entamons donc un retour en arrière pour plonger dans l'âpre jeunesse de John Difool. Nous sommes en 1988. le prometteur Zoran Janjetov a alors emboîté le pas à Moebius, et Ter 21 devient Terre 2014.
La plongée des premières pages dans l'abîme béant de la cité-puits, telle que nous la montre la réédition de 1992, n'est qu'un prélude au cauchemar sans fin qui va s'ensuivre.

À des années-lumière de l'aventure cosmique de l'Incal, nous sommes ab initia aspirés dans l'entonnoir d'un univers totalement hermétique. Un microcosme totalitaire et opaque où la plus implacable répression côtoie une anarchie absolue et où, à une stratification sociale rigide se surajoute une absence totale de repères moraux.

Des privilégiés dépravés aux masses manipulées à l'envi, des présentateurs flattant le voyeurisme des foules aux technocrates sans âmes, des soudards assoiffés de sang aux hordes d'amazones urbaines, rien ne semble récupérable au sein de cet effroyable vivier.

Dans ce système concentrationnaire, véritable machine à broyer les âmes, des bribes de rêve subsistent pourtant, à travers des formes étranges et oniriques. On trouve aussi quelques références littéraires inattendues ainsi que des regains de religiosité qui ne sont pas sans rappeler les premiers cultes chrétiens.

Malgré une succession permanente de scènes et d'ambiances, le récit garde une grande cohérence, et le tour de force des auteurs est d'avoir su, paradoxalement, rendre vraisemblable et très convaincante une histoire aux péripéties aussi folles. N'est-ce pas parce que Avant l'Incal est avant tout une satire des temps modernes ? Une représentation poussée à l'extrême d'une société en fin de règne précédant la venue du Messie ?

Cet album, oscillant entre d'innombrables genres de huitième art, marie tous les extrêmes dans un ensemble qui se tient remarquablement bien. Et on peine à se défaire d'une certaine fascination dérangeante envers cette histoire géniale et malsaine. Pour ma part, je préfère de loin la version « artisanale » de cet opus à celle, récemment relookée, bien moins naturelle et crédible.
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