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Critique de SZRAMOWO


En lisant le Scarabée bleu, je me suis surpris à dire à voix haute :
«Si tu est indifférent au monde, alors le monde te rendra cette indifférence», réminiscence subliminale de la phrase d'Hildegarde de Bingen en exergue du roman «Regarde-toi : tu as en toi le ciel et la terre.»
Roman initiatique construit autour du voyage et de la découverte du monde et des autres, le Scarabée bleu m'a rappelé le Candide de Voltaire.
Anicha, une jeune fille de seize ans s'émancipe en décidant de partir à la ville pour suivre des études et devient au fil de ses expériences une femme accomplie capable de comprendre les personnes qui l'entourent, de les conseiller, de les assister voire de les guider.
Ce roman à morale mais jamais moralisateur, renvoie à cette période de la vie où nous sortons du cocon de notre éducation et découvrons avec étonnement mais non sans craintes, qu'il existe un autre monde, d'autres êtres que nos proches, d'autres joies, d'autres peines que celles que nous avons connues.
A travers l'expérience d'Anicha, Emmanuelle Jappert nous incite à ne pas céder à la tentation de l'isolement et de l'enfermement dans nos certitudes.
La rencontre avec l'autre peut être un traumatisme mais aussi une formidable aventure. Notre fragilité devient une force si elle nous permet de voir et de comprendre la fragilité d'autrui.
Anicha, d'abord enfermée dans ses lectures censées lui donner des clés découvre qu'elles peuvent aussi l'éloigner des autres.
C'est lors de rencontres avec des personnalités qui s'ouvrent à elle, lui transmettent un savoir, l'accueillent avec bienveillance, qu'elle va comprendre à la fois le sens de ses lectures passées et de la vie.
Elle reste attachée à sa famille et, si l'éloignement l'empêche de célébrer avec elle les événements qui comptent, elle découvre qu'il peut exister des sentiments aussi forts que les liens familiaux entre des personnes qui se sont choisies.
En s'affirmant comme un être autonome et indépendant, Anicha retrouve la confiance de ses parents et de ses amis. le récit traite avec justesse de la relation parents enfants et des conflits de personnalité pouvant en découler.
Anicha se démarque de sa mère Mina, qui passe son temps « (...) à piler l'orge, à faire mijoter des tajines, à préparer des pâtisseries pour les fêtes du village.» Pour autant, Mina accepte les choix de sa fille.
De même avec son père, les échanges ne sont pas simples :
Mais la vie n'est pas faite pour ceux qui ont la tête dans les nuages !
Un jour, Papa, tu comprendras.
C'est toi, Chicha, bientôt qui comprendra...

La trame romanesque et fantastique du récit sert à merveille les thèmes développés. L'écriture de Marianne Jappert y est pour beaucoup. le lecteur se laisse emporter par l'histoire d'Anicha toujours en quête...
La relation qu'elle entretient avec le petit peuple des insectes et des animaux joue son rôle rassurant de catalyseur des émotions et de prise de confiance.
Le lecteur est tenté de se poser la question : et moi quand et où ai-je rencontré le petit peuple des insectes et des animaux ?
Enfin, le cadre, le désert Marocain et le contexte, l'affirmation d'une jeune femme dans une société patriarcale sont également des éléments clés du roman.
Les éditions Eyrolles et Babelio ont offert le livre de Marianne Jappert aux lecteurs qui la rencontreront le 15 mai.
Une mention spéciale doit être attribuée aux éditions Eyrolles pour la qualité de la fabrication du livre. Une couverture magnifique déclinant la silhouette d'un scarabée en motifs dorés sur fonds bleu nuit (illustration de Djohr http://djohr.com/) ; un beau papier et un dégradé du bleu des caractère, pour les caractères typographiques des titres de chapitres. Bravo !

Un premier roman émouvant et attachant, à découvrir.
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