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Critique de Yokay


Yokay
27 septembre 2021
2032. Elyas Mohajer, est ce que l'on appelle un assimilé. Né musulman de parents algériens, il a étudié à l'école coranique et a choisi sa voie : il se revendique athée, a épousé une chrétienne, et a une belle carrière de financier international. Suite au Brexit, il est de retour dans son pays d'Europe occidentale, la Romagnie (qui ressemble beaucoup à la France), terre d'accueil et des droits de l'homme. Ses parents décédés, il a coupé les ponts avec le reste de sa famille.
Lorsqu'il apprend l'assassinat par un groupe extrémiste de sa cousine Amal, dont il était très proche, c'est le choc. Sans hésiter il se rend à son enterrement, en tenue traditionnelle. A Sialimar, cette ville au bord de la Méditerranée (qui pourrait être Marseille), où il a grandi et n'a pas mis les pieds depuis plus de 20 ans, il peine à reconnaitre son ancienne cité, où les tensions entre les cultures ont atteint un point de non-retour. Accueilli à bras ouverts par son oncle et son cousin, comme une sorte de fils prodigue malgré sa vie de renégat, il va entendre et comprendre leurs engagements et leurs difficultés face aux prochaines lois anti coraniques, et choisir de les aider.
Ce roman très argumenté est le récit d'un cheminement de pensée, d'un retour aux origines, et finalement d'une forme de radicalisation, plus politique et financière que religieuse, sans embrigadement, pression ni lavage de cerveau.
Le héros prend le temps (parfois trop) de nous expliquer ses choix, il cite des passages du Coran, fait quelques débats historico-sociétaux avec son chauffeur et avec son cousin, et en tout cela il nous donne matière à penser. le roman montre l'incompatibilité entre les adeptes du Coran comme texte sacré politique, qui considèrent les lois républicaines laïques impies et donc illégales, et les représentants de l'Etat romagnien. Il montre comment on peut trouver dans le Coran la justification de crimes contre les autres religions. Ce qui est particulièrement troublant et dérangeant, c'est l'écho de ce texte avec les discours d'un certain E.Z. d'une part, et avec les terroristes du Bataclan d'autre part. Sous couvert d'une oeuvre de fiction dans un futur proche, l'auteur parle de notre actualité. Heureusement, il existe d'autres lectures et appropriations du Coran en pays occidental, sans cela nous serions déjà en guerre civile.
Le texte est très chargé en explications au début, avec de longs monologues assez laborieux. Puis l'intrigue romancée prend progressivement le dessus. L'écriture est littéraire, avec des phrases longues et un vocabulaire soutenu (combien de fois ai-je cherché la définition d'un mot..).
Malgré tout l'intérêt que je porte à ce texte, qui m'a beaucoup interpelée, je lui reconnais plusieurs défauts : une absence de relecture (il y a beaucoup trop de fautes dans cette première version), des problèmes de crédibilité (dans leurs débats, le chauffeur musulman quasi illettré tient par moment des propos dignes de ceux de son patron ; l'auteur fait écrire le roman à son personnage, mais celui-ci ne peut avoir le point de vue omniscient pour décrire les scènes sans sa présence), et enfin une couverture non attractive, et une quatrième de couverture qui n'est que partiellement en rapport avec le sujet (le destin d'une jeune femme ? la maternité ?).
Un livre dont je recommande la lecture et qui m'a fait échanger avec plusieurs personnes, et pour lequel je remercie l'auteur ainsi que Babelio. L'idéal serait d'avoir également une interview de l'auteur, qui a dérouté plus d'un lecteur de cette masse critique.
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