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Critique de alouett


« GHETTO DE VARSOVIE. Près du mur sud où se trouve aujourd'hui le théâtre de marionnettes » Lalka « , se dressait autrefois un bâtiment gris de quatre étages : le dernier siège de l'orphelinat juif » Dom Sierot « , dirigé par le Docteur Korczak, et qui dans cette période sombre, fut un refuge pour deux cent enfants. Ce qui se passa alors dans les rues et à l'intérieur de la maison, ce que ces enfants y virent, entendirent et pensèrent vous est conté ici par deux de ses occupants : Genia, une petite fille de douze ans, et le Docteur lui-même » (présentation de l'éditeur en page de garde).



Je ne connaissais pas l'existence du docteur Janusz Korczak jusqu'à ce que je lise cet album. La démarche d'écrire ce qui se passe dans le ghetto de Varsovie, ce dont il est témoin, se rapproche de celle d'Emanuel Ringelblum qui avait invité les habitants du ghetto à témoigner par écrit de la vie dans le ghetto (un album récent lui est consacré : voir ma chronique sur « Varsovie Varsovie »). Dans le présent album, il n'est pas fait référence à l'initiative de Ringelblum.

C'est le 13 mai 1942 que s'ouvre son journal. Très vite, les pages du journal de la jeune fille viennent lui donner la réplique. Autre regard. Autre sensibilité. Autres inquiétudes. le même quotidien vu d'un autre angle. J'ai de suite été frappée par les dessins de Gabriela Cichowska.

Parfois, les planches sont très dépouillées et proposent un dessin sobre réalisé. Crayon de papier, crayons de couleur. Instants suspendus où l'on observe un personnage (souvent un enfant) perdu dans ses pensées ou totalement absorbé par ce qu'il est en train de faire. On lit la tristesse dans ses yeux, on voit l'ennui dans sa posture corporelle. On voit que la guerre a eu tôt fait de lui voler son enfance, qu'elle a englouti son innocence. L'attente et la peur marquent les expressions des visages de cernes, elles gomment les sourires malgré les efforts répétés des adultes à formuler des phrases réconfortantes, des mots d'espoir. On les sent si fragiles !

A d'autres moments, les planches affichent timidement des couleurs. C'est le jour, la vie grouille dans les rues du ghetto et dans les couloirs de l'orphelinat mais l'illustratrice ne fait appel qu'à une palette réduite de couleurs. Marron, gris, noir, beige, quelques rares bleus métalliques délavés par-ci, un vert timide par-là. Gabriela Cichowska colle, coupe, brûle, froisse, déchire et assemble différentes formes de différentes textures dans les illustrations. Elle fait appel à des vieilles photos, des coupures de journaux, des cartes postales, des plans, des lettres manuscrites, des feuillets détachés de blocs d'éphéméride, des silhouettes découpées dans des revues d'époque, des tickets, des morceaux de cuir, de tissus, de papier gaufré, de carton… Objets, symboles, motifs… Les étoiles de David sur les vêtements, les miches de pain gigantesques et insolentes dans la vitrine d'une boulangerie, les carreaux d'une mosaïque, un livre, un pendentif…Les illustrations s'animent grâce à ce contenu éclectique. L'auteure joue avec différentes textures, avec différents papiers, avec différents outils de dessin. Cela crée une ambiance intemporelle dans laquelle la lumière est diffuse, comme tamisée. On attrape toutes les sensations au vol, qu'elles soient neutres, ternes ou vives : la curiosité, l'attente, la tension, l'inquiétude, la tristesse… la complicité, la tendresse, la fierté, l'envie, la jalousie… la colère… l'impuissance… L'impuissance que ressent le Docteur est grande. Il a du mal à se résoudre à ne pas pouvoir venir en aide aux enfants des rues, livrés à eux-mêmes. Mais l'orphelinat n'a plus de place.
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Lire l'article complet sur le site : https://chezmo.wordpress.com/2017/04/17/la-derniere-representation-de-mademoiselle-esther-jaromir-cichowska/
Lien : https://chezmo.wordpress.com..
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