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Critique de Nelja


Nelja
21 septembre 2014
Le principe de base était très tentant, et aussi très ambitieux : réécrire la tétralogie de Wagner en la mixant avec les Eddas, le tout écrit en style fantasy épique, avec une histoire entièrement cohérente, et juste un petit brin de références historiques. Il en existe déjà une bande dessinée, et le même auteur s'essaie au roman. Malheureusement, pour moi, cela ne tient pas ses promesses.

Déjà, l'idée même de mélanger les deux échoue quand à la fin on réalise que malgré la certitude qu'ont certains personnages du contraire, l'histoire de la lutte entre les Asgardiens et les géants et l'histoire de Siegfried et de l'Anneau n'ont plus rien à voir depuis cent pages. Je veux dire, dans Wagner aussi, c'était incohérent, fumeux et symbolique, mais en fantasy, on s'attendait à plus de rigueur, et là on n'a même pas le symbolisme.

J'ai trouvé le style d'écriture est fade, avec parfois des phrases bien cliché comme "la créature n'avait plus rien d'humain" ou d'autres qui me sont sorties de la tête. Cela m'a fait penser que j'ai eu tort de ne pas lire plutôt la bande dessinée, qui, elle, a un style de dessin impressionnant.

Malheureusement, le style n'est pas mon seul reproche. Il y a des passages qui m'ont fait grincer des dents, dans la catégorie : oui, cela réussit à être moins subtil que Wagner, qui n'est déjà pas réputé pour cela. le premier exemple est sans doute quand Odin reprend l'anneau à Alberic par la force et pas par la ruse. Mais celui qui m'a le plus ennuyée est quand le mari forcé de Sieglinde ne se contente pas de la violer, mais la fait violer par tout ses hommes. Et en plus, ce sont des Huns sans raison apparente, ce qui vient probablement d'une envie de montrer cela comme une vraie invasion plutôt que comme une guerre entre clans, pour le côté épique, mais finit par avoir des relents un peu racistes car le livre ne contient aucun Hun sympathique (contrairement à, par exemple, la Chanson des Nibelungen médiévale)

Sinon, j'aime beaucoup les réécritures de Loki, donc j'y ai accordé une attention particulière. Dans cette version, l'auteur réussit très bien le côté manipulateur. Il y a plusieurs passages dans le livre où des trous de scénario de la légende d'origine, du genre "quelle coïncidence" ou "comment savait-il ça ?" sont réglés par Loki faisant un peu de manipulation. Mais ce qui est douloureux est qu'il n'est absolument pas drôle. Parfois l'auteur essaie, il ne réussit qu'à être vulgaire. de plus, il est un pur méchant depuis le début, sans vraie motivation - la fin donne la vague idée qu'il aurait essayé de contrôler Surt et se serait fait contrôler en retour, mais autant ça réussit bien à fusionner le Loki mythologique et l'esprit du feu de Wagner, autant ça ne fait pas une personnalité.

J'ai d'ailleurs trouvé la plus grande partie des personnages plutôt fades. Même ceux que j'aime bien dans les autres réécritures, et auxquels ma sympathie était plus ou moins acquise.

Ceci dit, malgré tous mes reproches, ce livre contient quand même quelques belles trouvailles narratives ou poétiques. J'aime beaucoup l'épée brisée de Siegmund, qui, mêlée à de l'argile, devient une petite créature agressive qui suit Siegfried partout (les plus petits morceaux font les dents). J'aime comment le moment où Siegfriend comprend le langage des oiseaux est remplacé par un bref passages où à la suite d'un accident avec le heaume de transformation, il devient réellement lui-même un oiseau et oublierait qu'il est un humain sans le souvenir de Brünnhilde. J'aime comment Brünnhilde devient reine d'Islande.
Et j'apprécie - j'hésite encore à dire que j'aime - la relation entre Mime et Alberic. D'un côté, j'aime le principe d'avoir des relations familiales entre méchants plus positives. Mais de l'autre, pour moi, quand Alberic renonce à l'amour, ce n'est pas seulement à la romance, et je préfère l'idée que ça lui ait gâché à jamais sa relation avec son frère.
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