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Critique de Tostaky0


Après "Pleurer les rivières" j'étais curieux de découvrir le nouveau roman d'Alain Jaspard, Les bleus étaient verts.
Il n'est pas question ici des séquelles laissées par quelques gnons sur un visage tuméfié, mais d'un épisode vécu par les jeunes troufions envoyés rétablir l'ordre en Algérie.
1961, le conflit franco-algérien tire à sa fin.
Max, qui ne voulait surtout pas descendre au fond de la mine comme son père ou son frère a choisi de s'engager.
Il a 20 ans et comme les jeunes hommes de son âge c'est la guerre d'Algérie qui l'attend.
L'histoire de Max, Ali, Monique, Leïla, entre autres, de leur vie, de leurs aventures, de leurs joies et leurs peines, de leurs peurs, de leurs amours, des horreurs qu'ils ont vécues, c'est au comptoir chez Jef qu'elle se raconte. Entre deux bières, deux canons de rouge ou de verres de calva, c'est tour à tour Max, lui-même ou Ali qui se confie à l'oreille amicale du patron de bistrot.
Des années 50 aux années 2000, Jaspard nous entraîne dans les pas de ce soldat. D'où il vient, vers quel futur il voudrait aller et les obstacles que la vie dresse devant lui.
Une guerre, peut-il y avoir pire obstacle ?
C'est aussi l'histoire d'une fracture.
L'histoire d'un peuple qui réclame sa liberté, qui se bat pour elle.
C'est l'histoire des Pieds-noirs, des harkis, de ces colons qui du jour au lendemain se retrouvent sans patrie. D'un pays qui n'en veut plus et d'un autre qui n'en veut pas, d'un pays qu'ils doivent fuir ou dans lequel ils vont mourir, souvent dans une sauvagerie sans nom.
Max est acteur, Max est spectateur. Max survivra et rentrera en France, pour une vie différente, mais n'oubliera jamais.
Un roman coup de poing qui n'en fait pas trop.
Parce que l'auteur nous le propose comme une conversation de comptoir, comme les souvenirs qu'on égrène quand l'alcool nous grise, nous libérant de toute pudeur et de toute retenue.
On alterne les moments forts et les moments de tendresse. C'est la violence du conflit, c'est la chaleur et la sueur, c'est l'érotisme des corps qu'on caresse, c'est parfois un trait d'humour qui vient alléger le récit.
Un roman réussi de cette rentrée littéraire.

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