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Critique de Albertine22


Ce roman m'a permis de découvrir la "Little India" de Londres : le quartier de Southall. L'histoire se déroule à notre époque et fait écho à de nombreux sujets d'actualité : l'emprise de la religion, la toute puissance des hommes considérée comme naturelle dans certains milieux et la parole féminine qui peine souvent à s'exprimer.
Nikki, jeune femme de 23 ans, se définit comme un mélange Orient-Occident. Sa famille, de religion sikhe, est originaire du Penjab et garde des liens très forts avec l'Inde. Mindi, la soeur aînée de Nikki, éprouve moins de difficulté à se couler dans le moule traditionnel. A vingt-cinq ans, ses études d'infirmières terminées, elle envisage avec beaucoup de pragmatisme un mariage arrangé. Pas question pour elle cependant d'accepter n'importe quel prétendant ! Mais elle n'a rien contre le fait que les femmes de sa communauté soient à la manoeuvre pour lui trouver un bon parti. Leur père, ayant succombé deux ans plus tôt à un infarctus, Mindi et sa mère semblent désireuses qu'un homme " protège" à nouveau leur foyer.
Nikki s'est affranchie des siens dans la douleur. La jeune femme vit à Shepherd's Bush, seule dans un petit appartement au dessus du pub miteux où elle est employée comme serveuse. Son père n'a pas supporté qu'elle arrête ses études de droit et une violente dispute l'a précipitée en dehors du cercle familial et de sa "zone géographique" habituelle. Elle s'enflamme pour toutes les manifestations qui défendent les droits des femmes et s'agace du servive à rendre à Mindi. Sa soeur souhaite que Nikki se rende au temple à Southall pour punaiser sa recherche de l'époux idéal sur le panneau d'affichage MARIAGE. Arrivée au temple, elle tombe sur une petite annonce. L'association communautaire sikhe cherche une animatrice pour un cours d'écriture. Celui-ci permettrait aux femmes de raconter leur histoire et l'atelier se terminerait par une anthologie des meilleurs travaux. le coeur de la jeune femme bat la chamade. Elle y voit le moyen d'aider les femmes de sa communauté à s'exprimer.
Cet atelier va se révéler surprenant à de nombreux égards, passant d'un cours d'alphabétisation à l'écriture de contes érotiques. Les participantes sont des veuves, réduites à n'être plus que des "fantômes" en blanc dans le quartier. Nikki ne va pas leur apprendre grand chose, simplement leur offrir, sans même l'avoir souhaité, un lieu où elles pourront s'épancher, décrire leur mariage et évoquer sans fard le désir féminin. La jeune femme, au contact de ses "élèves", va à la fois renouer avec ses origines et s'effrayer de l'envers du décor. Au nom de l'honneur, de la religion ou du simple fait d'être un homme, des horreurs sont commises dans le quartier. Des meurtres parfois.
Balli Kaur Jaswal tisse une réelle intrigue, son récit n'est pas que militant. Il est ponctué des "contes érotiques" inventés par les veuves et des réactions engendrées par la lecture de ces derniers, entre gêne, gloussement et nostalgie. Les personnages sont nombreux, bien croqués, et les descriptions du quartier indien donnent une furieuse envie au lecteur de s'y promener et de s'arrêter quelque part pour boire un chai.

Une lecture très plaisante
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