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Critique de Lire1x


"Le Club des Veuves qui aimaient la littérature érotique" de Balli Kaur Jaswal est une véritable torpille dans ma bibliothèque. le genre de roman que l'on découvre totalement par hasard et qui nous apporte bien plus que ce que l'on pouvait imaginer. Lu en ENC pour les éditions Nami, je ne savais absolument pas à quoi m'attendre. le titre me faisait un peu peur...Mettre ensemble veuves et littérature érotique est un sacré défi quand on y pense...Découvrir dès les premières pages que les fameuses veuves étaient d'origine sikh fut pour moi une sorte de cerise sur le gâteau de ma perplexité. Et pourtant, ce roman fut une délicieuse découverte aux ingrédients divers: féminité, culture, mystère, révélation, identité, écriture... le tout est agréablement saupoudré de curry...euh pardon d'épices piquantes et relevées. En démarrant ma lecture, j'étais à mille lieues de penser que je me retrouverais à Londres, au coeur d'une communauté que je ne connais absolument pas. de par son passé impérial, la Grande-Bretagne accueille une grande communauté des Indes. Balli Kaur Jaswal partage avec nous un univers proche de sa culture. Née à Singapour dans une famille originaire du Pendjab (e.a le Pakistan actuel), la romancière a beaucoup voyagé durant son enfance. Elle s'inspire grandement de la culture pendjabi pour l'écriture de ses romans. "Le club des Veuves" est son troisième roman. Dans ce roman, l'autrice prend pour la première fois Londres et essentiellement le quartier de Southhall où la communauté pendjabi est très développée. Nikki, notre personnage principal, trouve un emploi d'animatrice d'ateliers d'écriture dans un centre culturel sikh. Dès le premier cours, elle réalise que l'organisation d'ateliers d'écriture va être complexe étant donné que la majorité des participantes sont analphabètes. Alors que Nikki souhaite apprendre à écrire à ces femmes, veuves, elle réalise très vite que ces dernières apprécient les échanges et partages d'histoires de leur cru autour de leurs envies et de leurs fantasmes. Difficile au sein d'une communauté où la censure est encore très vivante de maintenir à flot cet atelier et de permettre à ces femmes d'exprimer leurs désirs, leurs rêves et leur sensibilité. de plus, progressivement, Nikki découvre que plusieurs femmes du quartier sont mortes d'avoir rêvé à une émancipation... Au gré de ma lecture, je me suis surprise à m'intéresser au destin de ce groupe de femmes coincées entre tradition et modernité. Leur statut de veuves les rendent intouchables et leur confèrent une certaine liberté. Ce roman plonge le lecteur dans un bain culturel aux notes épicées. Il est le reflet d'une communauté minoritaire en Angleterre. J'ai trouvé intéressant de découvrir le regard et l'intérêt de ces femmes sur la société où elles vivent, en total décalage avec la culture britannique. J'ai aimé accompagner Nikki dans son nouveau métier, dans ses essais et ses erreurs, dans son questionnement aussi et dans la confrontation qu'elle vit entre sa culture familiale et la culture du pays où elle est née. J'ai senti son tiraillement mais aussi sa volonté d'exister pour elle-même et non pour contenter le qu'en dira-t-on d'un groupe social. Derrière une écriture légère et agréable, Balli Kaur Jaswal nous offre un récit parfois tendu. de prime abord, ce récit a des allures de comédie. Finalement, au fil des pages, il révèle des notes de cosy mistery. Une surprise déconcertante...tout comme le partage des fantasmes et des états d'âme de ces femmes. Les éditions Nami nous offrent une littérature de l'intime. "Le club des Veuves" entre totalement dans ce projet. L'intimité d'un groupe de femmes d'une culture éloignée de la nôtre est une découverte savoureuse. L'intérêt de cette lecture est clairement le contraste saisissant entre la culture de ces femmes, les propos qu'elles tiennent et l'engouement que cet atelier suscite dans leur communauté. Autant te prévenir, les textes inventés par ces dames sont plutôt érotiques et parfois explicites sans pour autant nécessiter une censure car l'ensemble reste assez soft. Ce roman a été traduit en 18 langues et a eu beaucoup de succès. Au delà de l'aspect culturel, ce livre offre aux femmes une porte ouverte vers leur féminité, l'acceptation de leurs rêves, de leurs fantasmes, de leurs désirs. A l'époque du chacun pour soi, "Le club des Veuves qui aimaient la littérature érotique" crée du lien et donne envie de rejoindre un groupe de femmes comme celui que Nikki anime. Ce livre m'a ramené à nous, femmes de tous horizons qui grâce à la lecture, créons une multitude de liens sur les réseaux sociaux, lors des salons et des dédicaces. Certes, nous ne sommes pas aussi coquines que les Veuves de Southall...Cependant, quel de plaisir de se retrouver entourée autour d'un sujet qui nous anime. Il en est de même pour les Veuves et pour Nikki. Ce qui nous unit nous dévoile et nous rend plus fortes. Ne l'oublions pas.
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