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Critique de ELopez7228


Ce livre commence comme une comédie dramatique. Ce sujet est déjà vu et revu : un décès, et le dernier voeux de leur mère sur son lit de mort est que ses trois filles-ennemies fassent un pèlerinage selon ses directives, au pays : en Inde.
Les trois soeurs ont des vies bien différentes (l'une va être grand mère prématurément et endosse le rôle de l'aînée autoritaire), la seconde est une actrice de seconde zone écervelée qui fait le bad buzz sur YouTube avec des vidéos de paparazzis scandaleuses et la troisième une gentille fille timide qui semble adorer la vie d'épouse discrète qu'elle s'est choisie auprès d'un mari rencontré sur un site de mariages de convenances. Elles n'ont pas les mêmes valeurs, pas les mêmes centres d'intérêts, et pas les mêmes priorités.
Et les voilà toutes les trois à affronter l'Inde, sa foule, sa chaleur, ses traditions, ses plats épicés, ses trajets en train, ses temples, ses lieux de pèlerinage, et à devoir se supporter les unes les autres. On sait déjà comment ça finira, on sait que ce genre de roman permet à chacune de s'ouvrir aux autres et finalement, de remettre en question ses certitudes, pour s'achever dans la félicité familiale retrouvée.
Ça m'allait bien.

Mais en fait…
Il y a un deuxième livre sous le livre. le roman, sans avoir l'air d'y toucher, est un pamphlet féministe engagé, qui dénonce par la force de l'exemple l'ampleur de la misogynie et du sexisme de la société indienne… sans mettre en exergue un spot-disant occident éclairé ; ça n'a jamais été le sujet. On n'est pas là pour jouer à qui est le meilleur élève… mais pour souligner le poids de la tradition, des effets de foule, de la corruption, de la religion, et de valeurs-pièges comme « l'honneur », « le respect », « la décence », des mots qui servent à opprimer plus qu'à élever.
Sans y toucher, tout en suivant le périple et les mésaventures des soeurs Shergill, indo-londoniennes qui prennent tout ça avec impatience et un peu de condescendance, l'autrice nous parle de viols collectifs, de mariages forcés, de violences conjugales, des mécanismes de la soumission, de feticides (ici : avorter des bébés jusqu'à 6 mois de grossesse car ce sont des filles), de la complicité des autorités, de militantisme, de répression, de népotisme… mais aussi d'immigration, de famille, d'identité, d'intégration…

Les sujets sont nombreux, et sont finement abordés, sans l'air d'y toucher, laissant la possibilité à celles et ceux qui le souhaitent de simplement suivre les aventures de trois frangines et aux autres, tendant des perches et ouvrant autant de pistes de réflexion.

Ce n'est pas assez pointu et trop divertissant pour être une lecture « féministe », et en même temps, ça remplit son rôle. Je ne m'y attendais pas, et j'ai été secouée.

Bechdel : mais TELLEMENT
Bechdel racisé : idem. Je ne crois pas qu'on croise un seul blanc, même à Londres.
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