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Critique de c.brijs


Ce titre est un vrai coup de coeur, tant sur le fond que sur la forme. L'auteure nous dépeint un monde qui n'est finalement pas si utopique que cela. Notre capitalisme outrancier n'est-il pas en train de déraper? Les laissés-pour-compte du système ne vivent-ils pas oubliés dans les bas-fonds de nos villes? Nous avons tous en tête ces images d'enfants fouillant dans les poubelles pour trouver de quoi vivre... Et si cela se passait chez nous, comment réagirions-nous? A l'heure où le mot "solidarité" est de plus en plus remis en cause, cette question est plus que jamais d'actualité!


Bien sûr, au creux de cet enfer, il y a une petite lueur d'espoir (un peu à l'image de la couverture où l'on voit deux enfants se tenant par la main sortir du tunnel). Ici, il porte le nom d'Irielle. Je me suis vraiment attachée à cette héroïne (vous allez tout de suite comprendre pourquoi) qui, malgré son jeune âge, a toujours refusé d'abandonner son humanité, espérant toujours en l'avènement d'un monde meilleur. Sa bouée de sauvetage: les LIVRES!


" Irielle avait tout appris sur les enfants dans ses livres lorsque Jode était bébé. Ses livres! Tout ce qu'elle savait grâce à eux! Comme elle avait eu raison de se servir autant, et de continuer, encore et encore, à prendre tout ce qu'elle trouvait sans distinction de genres! Elle refusait d'utiliser le mot "vol" pour les livres. Car était-ce voler que de prendre des livres condamnés à la destruction? Il y avait quelques années, elle avait découvert un endroit étrange à la sortie sud de la ville. Des hangars mal fermés dans lesquels s'amoncelaient des montagnes de livres ainsi que des magazines. Pendant la journée, des ouvriers les poussaient par vagues dans des cuves où ils finissaient écrasés par de gigantesques machines broyeuses. Tous les livres qui se trouvaient dans l 'avion venaient de cet endroit. Elle prenait tout ce qu'elle pouvait. Des romans, des essais, des livres de cuisine, des livres scolaires, des livres médicaux, des journaux, des encyclopédies... Elle lisait tout. Elle était curieuse de tout. Elle voulait tout savoir. Apprendre. Apprendre encore. Apprendre sans cesse, afin de ne pas devenir un enfant-rat... Et elle avait besoin de tous ces livres qui disaient la vie autrement pour supporter le poids de sa vie à elle."

A la fois intelligente et sensible, elle recrée autour d'elle une cellule familiale, petite bulle d'amour et de tendresse, qu'elle protège tant qu'elle peut de la furie extérieure. Une vraie petite maman... qui a touché mon coeur de mère...

Les autres personnages qui gravitent autour d'elle sont égalements attachants. Il s'agit de Jode, un petit bonhomme de cinq ans, particulièrement brillant, qui applique à la lettre les consignes de sa "petite maman", ce qui lui permettra de se sauver de situations bien périlleuses et de Nolane, cet enfant-rat, trop sensible pour vivre dans ce monde cruel des hordes, qui trouvera en Irielle une planche de salut.

Côté des adultes, le docteur Smog, qui refuse de se plier aux diktats de cette société qui ne se préoccupe que des riches, nous démontre, quant à lui, qu'il faut toujours croire en l'humain et qu'il suffit parfois de quelques hommes de bonne volonté pour renverser une dictature.

Dans cette vision pessimiste de notre futur, on soulignera toutefois une avancée écologique positive: l'énergie fossile a laissé la place à l'énergie solaire.

"L'avènement des aérosolos avait eu pour conséquence la fin de l'automobile, trop polluante et dévoreuse d'énergie pétrolifère. Les rues des villes et les routes étaient désormais fréquentées par les piétons et les cyclistes. Seule la police utilisait encore des véhicules à roues."

En ce qui concerne la narration, le rythme est rapide en raison de chapitres très courts qui éclairent tour à tour le cheminement des différents protagonistes. le suspense est bien présent et on s'interroge jusqu'au bout sur le devenir des héros ainsi que sur l'évolution de cette société inégalitaire au bord de l'implosion. La guerre des pauvres aura-t-elle lieu? Les lendemains seront-ils plus heureux? L'humanité a-t-elle un avenir?

En conclusion, je reprendrais la dernière phrase de l'éditeur:


"A mettre entre beaucoup de mains, d'adolescents, mais aussi d'adultes."
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