Bikers, tome 2 : Dangerous

— Chloé, cette fois c’est grave. Il faut que tu écoutes ce que j’ai à te dire. Il a parlé d’une voix tellement douce, comme s’il ne voulait pas me brusquer. Je me sens coupable de toujours ressentir cette émotion quand il s’agit de Tony. Sa présence me rend faible, ça m’effraie, je n’ai pas envie de discuter avec lui. C’est vrai il m’a sauvé pourtant je souffre trop pour m’en rendre compte pour l’instant.
— Tu m’as dit de ne plus t’adresser la parole. Tu sais quoi Tony ? Avec plaisir. À mes yeux, tu n’existes plus. Il semble sidéré par ma phrase, ses yeux s’écarquillent. Tant mieux. C’est exactement la même réaction que j’ai eue quand il m’a viré de sa chambre. Tony n’a que ce qu’il mérite. Voyant que je campe sur mes positions, il fait demi-tour et je le vois se diriger vers l’ambulance où est Ayden. Je m’apprête à les rejoindre, quand je suis arrêtée dans mon élan par l’arrivée de mon père. Il me prend dans ses bras, embrasse mon visage en se plaignant de ma mine épouvantable. Nous rentrons ensuite à la maison.

Voilà ce que j’aime. Provoquer les personnes qui se croient au-dessus de tout. J’ai l’impression d’avoir retrouvé toute la confiance en moi que j’avais perdue depuis un mois. Et putain, ça fait du bien.

Peut-on réellement haïr une personne pour finalement tenir à elle ?

- ... Une balle dans la tête et l'autre en plein cœur.

Pour que l'information arrive à mon cerveau il me faut plusieurs secondes. Simplement parce que je n'y crois pas, c'est impossible. Non, non putain, non ! Mes genoux frappent violemment contre le sol lorsque je m'écroule. Mon corps est parcouru de spasmes. On me parle mais je n'entends pas, étant dans un état second. Mes larmes brouillent ma vue. Je sens qu'on me soulève doucement., j'essaie de résister mais je n'y arrive plus. ...bon sang ! Pas lui. Je n'ai pas eu le temps de le sauver, de lui dire à quel point je l'aimais.

Il n'est plus là, il est mort.

- Ne te sers pas de moi comme excuse, déclaré-je doucement. Et comment...

- Je sais tout de toi. Tu es restée avec cette merde, à discuter tranquillement avec lui malgré mon coup de fil ?... Chloé, tu crois que c'est dans mon tempérament de t'avouer tout ça ?

Exaspérée de l'écouter, je m'exclame :

- Tony, je ne suis pas une femme qui doit répondre à tes besoins sur commande ! Tu n'as pas arrêté de me repousser, puis m'embrasser pour me repousser à nouveau ! Qui te dit que tu ne viens pas avec tes belles paroles aujourd'hui et que demain je ne te retrouve pas avec une énième conquête !

Cette meuf me sortira des ténèbres, je compte sur elle pour ça. Il faut que je m’ouvre à cette merveilleuse femme, que je lui raconte ma souffrance afin qu’elle puisse m’aider à avancer.

- Les rôles s'inversent petite Chloé. J'ai l'impression de m'entendre il y a un mois quand tu t'acharnais à m'emmerder. J'aimerais te foutre la paix, ne plus penser à toi. Je souhaiterais que tu cesses d'envahir mes rêves, putain! Mais devine quoi? Où que je sois, peu importe l'endroit où je pose mon regard, il n'y a que toi et seulement toi, bordel!

Face à ces mots prononcés avec une telle véhémence, je reste muette. Les effets de l'alcool ont-ils raison de moi? Est-ce que j'hallucine? Vient-il vraiment de me balancer tout ça en pleine figure? Et puis d'abord, pourquoi me crier dessus de la...
Je n'ai pas le temps de me poser plus de questions que des lèvres douces et charnues s'abattent sur les miennes. Surprise, je crois fondre sur place. Tous mes muscles se détendent instantanément. Mes deux mains prennent appui contre la table derrière moi et je laisse Tony s'immiscer dans ma bouche. Si d'abord il a semblé me demander la permission, son baiser se fait soudain plus brutal, à la fois fiévreux et enivrant. Merde, il me désarme seulement avec cette approche aussi troublante que surprenante.
Oh oui, j'ai déjà perdu la bataille depuis les dernières fois.

En lettre calligraphiée je vois mon nom écrit sur lui. Putain, il s’est fait tatouer Chloé sur son corps. Mon prénom sur son magnifique torse. Je relève les yeux vers Tony qui semble attendre ma réaction. J’ouvre la bouche, aucun son ne veut sortir tellement je suis surprise. J’ignore comment réagir. C’est de la folie !

Ce mec est un envoûteur sous ses airs de gros dur. Il me charme malgré moi. Merde, j’ai l’impression de ne pas me reconnaître. Je l’ai détesté pour tout ce qu’il m’a fait, comment il m’a traité. Mais face à son magnétisme, livrer bataille plus longtemps s’avère inutile devant une guerre que je suis persuadée de perdre.

Son regard croisant le mien, mon corps s’embrase en une seconde. Cette façon de capturer mes yeux dans les siens a fini par me faire perdre la raison.
Sans réfléchir plus longtemps, je dévale les escaliers, passe par la cuisine, récupère deux bières et vais pour ouvrir la porte d’entrée quand je me fige la main sur la poignée. Pendant une semaine, j’ai réussi à l’éviter. Sept jours pendant lesquels j’ai tenté d’être forte grâce à la colère éprouvée pour ce mec. Si je franchis cette porte, mes émotions ne doivent pas prendre le dessus. Il faut éviter à tout prix tout contact physique avec Tony. Sinon, je serais perdue à jamais.