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Critique de Acerola13


Ce petit bouquin passionnant se veut un décryptage du partage du marché numérique entre entreprises privées et publiques, en soulignant à quel point les standards évoluent de manière permanente face aux nouvelles offres sur le marché.

Cet essai se décompose autour de deux grandes tendances : la privatisation de certains secteurs du numérique, et son inverse, une réappropriation par le public d'autres secteurs. Les auteurs nous permettent, à grand renfort d'exemples parlant et bien détaillés, d'avoir une vision plus claire du combat qui fait rage autour du numérique, et dans lequel les belligérants ne jouent pas forcément à armes égales...

On découvre sans grande surprise que les deux principaux secteurs sujets à la privatisation sont les transports et la santé ; ou comment Citymapper pompe sans vergogne les données mises à disposition gratuitement par la RATP, probablement dans un but futur de monétisation...L'exemple du freefloating et de la recomposition de la mobilité douce grâce à une nouvelle offre venue du privé est également longuement évoqué, revenant sur le lobbying incessant réalisé par Uber ou Lyft pour peser sur les décisions publiques malgré les conditions de travail que l'on connaît pour leurs désormais salariés.

Côté santé, c'est évidemment Doctolib qui se taille la part du lion, et dont le monopole aura été renforcé par la crise du covid. Une application certes bien utile, mais dont l'utilisation systématique par le gouvernement aurait pu être remise en cause, puisque les agences publiques de santé disposaient elles-aussi de bases de données régionales qui auraient pu faciliter la diffusion des doses de vaccin, sans nécessairement passer par la super startup à la mode.

Un des exemples les plus parlants, et qui illustre bien cette lutte que mène l'Etat français face à des géants du numérique bien peu coopératifs, concerne l'application StopCovid, dont la technologie devait reposer sur le bluetooth, et malheureusement extrêmement limitée du fait d'Apple et de Google, qui désactivent cette fonctionnalité, même en arrière plan, lorsque l'application n'est pas active...En ayant le culot de proposer une application qui leur soit propre, et dont les données récupérées aurait été stockées non sur des serveurs gouvernementaux, mais sur des serveurs centralisés et bien évidemment accessibles pour leur propre compte.

Un essai réellement passionnant donc, sur un sujet qui fait relativement peu de bruit en comparaison par exemple de la présence des cabinets de conseil dans toutes les strates du service public ; et pourtant, cela relève à mon avis d'un même problème, à savoir que certains secteurs de l'économie et du service public et leurs technologies afférentes se doivent à tout prix d'être maîtrisés par l'Etat, a minima pour fournir une alternative à des géants de la technologie au monopole déjà bien suffisamment effrayant. La dernière partie de l'ouvrage cite quelques exemples où, miracle ! le service public ou les logiciels open source font mieux que le secteur privé, et garantissent une indépendance bienvenue de leurs acteurs.
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