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Critique de MaggyM



Elle est venue d'Afrique, volée à sa famille, pour se retrouver esclave dans une plantation de Georgie sur une terre volée aux indiens. Elle, c'est Aggie. Elle ne le sait pas mais deux cents plus tard, Ailey, une de ses descendantes, retournera sur ses traces.

Honorée Fanonne Jeffers, pour son premier roman, propose une fresque imposante (presque 900 pages) qui raconte l'Amérique, du côté des afro-américains. Rien de vraiment inédit dans ce roman pour ceux qui ont déjà lu sur le sujet mais la construction narrative présente au lecteur un effet miroir entre plusieurs générations.
Le roman se partage donc entre des périodes modernes (à partir des années 80) et des "chants" qui remontent jusqu'à la fin du 18e siècle. Au fur et à mesure de la lecture, d'abord chronologiquement linéaire, l'autrice a inséré des ruptures temporelles, créant des retours en arrière. Ceux-ci peuvent parfois être un peu perturbants, mais très vite, ils apportent un certain rythme à l'intrigue tout en réveillant l'intérêt du lecteur. On sent bien qu'il aurait été compliqué de balayer autant d'événements et autant de points de vue sans recourir à ce procédé.

L'autrice se revendique d'un roman résolument féministe. Et c'est vrai que ces personnages féminins sont généralement des personnalités fortes qui ont eu un impact sur leur communauté. Et pourtant, je n'ai pas aimé le personnage d'Ailey et je n'ai pas aimé l'image du féminisme moderne qu'elle renvoie.

J'ai regretté aussi le choix des traducteurs de traduire littéralement l'expression "old man" que les afro-américains utilisent régulièrement dans les échanges avec leurs aînés. Si dans leur bouche, l'expression contient tout le respect et la bienveillance qu'ils veulent y mettre, par écrit, en français, "le vieux", ça ne le fait pas. Je pense que ce choix malheureux n'a pas aidé à apprécié Ailey qui prononce cette expression des dizaines et des dizaines de fois.

Une grande fresque de l'Amérique, qui montre à nouveau toute la complexité des questions ethniques dans ce pays qui s'est construit sur le sang et les larmes. Et surtout, qui confirme qu'en ce début de 21e siècle, rien n'est réglé.
Malgré quelques longueurs, ce premier roman est assez remarquable dans son approche. Je remercie Babelio et les éditions Les Escales pour la confiance.
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