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Critique de Bookycooky


Le Palais en noyer, Dvori od oraha,
Jergovic dés les premières pages plonge le lecteur dans un magma bouillant, celui des derniers jours d'une femme presque centenaire, Regina Delavale, sombrée dans la folie. Cette démence extrême signera son arrêt de mort. Nous sommes en l'année 2002. À partir de cette fin tragique, l'auteur remonte le temps, jusqu'à sa naissance le 5 avril 1905, pour narrer à rebours la petite histoire, celle de la famille de Regina, une famille de Dubrovnik, inscrite dans la grande Histoire tragique, celle de la Yougoslavie du XX e siècle enrichie par de multiples contes et légendes populaires.
La tempête des débuts ( en faites la fin de l'histoire ) va vite laisser place à l'humour et la verve incomparable de Jergovic qui allègera avec son burlesque, même les pires tragédies que vivront les deux histoires, par commencer celle de la terrible guerre et de ses génocides des années 90, et son préambule pendant la deuxième guerre mondiale.
En 90, ce qui va déterminer l'existence de la ville entière durant les années à venir" concerne peu la famille qui se noie dans le tumulte de sa propre décomposition interne. Puis remontant encore le temps, la mort de Tito en 1980 croise cette fois leur destin.......la mort de Staline en 1953, apporte l'espérance d'un semblant de liberté,....et en 1944, en pleine deuxième guerre mondiale, Regina met au monde sa fille Diana,.......L'histoire intime tangue aux soubresauts de l'Histoire.
Cette narration à rebours en quinze chapitres, mis en page de quinze à 1 (!) est assez déroutante, et il faut un peu de temps pour s'y habituer. Pas facile aussi de s'habituer à Regina-Diana, le duo mère-fille aux tempéraments bien trempés, une relation qui ne baigne ni vraiment dans l'amour, ni la haine, mais violente et difficile à définir. Et toujours comme toile de fond , un pays où en remontant le temps, les craquelures sociales dues aux différences ethniques et religieuses sont déjà visibles à la chute des empires ottomans et austro-hongrois, bien avant l'éclatement de la Yougoslavie. Des failles qui deviennent de plus en plus profondes et perceptibles avec les deux guerres mondiales, suivie de la période communiste.
Un livre très dense, dont les nombreuses digressions, -des chapitres entiers sur des personnages annexes-, rendent sa lecture difficile et parfois un peu longue, bien qu'il y ai aussi des chapitres passionnants. On se perd dans le temps, les histoires qui s'emboîtent, les guerres et les trop nombreux personnages. Les fréquents discours sur les pets, pisse et autres désagréments dont ses personnages semblent en raffoler, et les descriptions de scènes de tueries ou autres, d'une rare violence, ne sont pas aussi des plus agréables à lire.
Ce n'est pas le meilleur de ce que j'ai lu de lui, pourtant je le conseillerais quand même, car sa dimension burlesque et épique, ses personnages insolites qui rappellent les films d'Emir Kusturica, et la très belle histoire de son titre, en vaut largement la peine.

".....savez-vous ce que c'est, les dzundzur bobe ? Vous ne savez pas ? Eh bien vous le saurez à la fin de cette histoire ."
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