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Critique de JIEMDE


Pour moi, ce sera non.

C'est sans état d'âme que j'emprunte cette sentence lapidaire d'une émission TV autrefois à la mode, en réaction – certes bien faiblarde - à la lecture de Nos corps étrangers de Carine Joaquim. Mon propos n'est pas ici de faire le buzz (pas le genre de la maison…), et encore moins de fustiger l'auteure, ayant bien trop de respect (et même une certaine admiration) pour celles et ceux qui se livrent aux autres par le biais de l'écriture.

Donc je n'ai pas aimé. Ça arrive et ça n'est finalement pas très grave au regard du nombre de lecteurs qui l'ont, au contraire, beaucoup apprécié. Mais à vrai dire, cette lecture m'a profondément agacé.

Côté histoire, il y avait, me semble t-il, une très bonne base pour faire un énième roman social et dramatique, qui aurait gagné en sensibilité ce qu'il n'aurait peut-être pas eu en originalité. Encore aurait-il fallu que cette histoire se recentre davantage sur son propos. Car ajouter à ce bovarysme de banlieue parisienne, l'infidélité, le handicap, le harcèlement, les migrants, les sans-papiers, et j'en passe pour ne pas spoiler… Tu pousses le bouchon un peu trop loin, Maurice !

Se recentrer sur quelques thèmes donc, et peut-être aussi se concentrer, pour faire de ce court roman, une longue nouvelle, une novella comme on aime dire aujourd'hui. Un genre idéal pour un premier roman édité, qui laisse entrevoir le potentiel d'un auteur et rentre parfaitement dans les codes marketing actuels d'un certain segment éditorial.

Mais surtout, c'est l'absence d'harmonisation du style qui m'a le plus dérangé, semant en permanence au milieu d'une écriture agréable et fluide, des clichés et expressions trop convenues, et abusant de tournures stylistiques trop répétitives : omniprésence d'adjectifs qualificatifs, comme si un mot ne pouvait jamais se suffire à lui-même ; usage régulier de métaphores sur tous les sujets, comme si le lecteur n'était pas mâture pour comprendre seul ce qu'on lui évoquait ; usage répété de la forme du questionnement introspectif, points d'étapes réguliers mais inutiles des états d'âme de chaque personnage.

Idem pour les scènes d'amour, dont certaines semblent extraites d'un roman-photo des années 70. Sérieusement, quiconque prend matin et soir un Transilien aura du mal à se projeter dans ce passage : « …le matin…dans le train, lorsque les secousses du wagon lui rappelaient la vigueur de leurs ébats, les coups de reins, les gémissements et les cris, qui se confondaient soudain avec le hurlement du métal sur les trains ». Waow ! Je veux ce train chaque matin !

Bref je n'ai pas aimé. Et si je respecte l'auteure, je m'interroge à la fin de cette lecture sur l'accompagnement éditorial de ce livre, ou plutôt sur son apparente absence. Ce regard extérieur de l'éditeur qui complète si utilement le travail de tout auteur n'aurait-il pas permis de déceler et de corriger certaines des faiblesses stylistiques évoquées précédemment ? On notera sur ce point que, contrairement à la plupart des premiers romans, aucun remerciement ne figure envers quiconque pour l'aide apportée.

Au regard de ce que j'ai lu ailleurs sur ce livre, il est très apprécié. Tant mieux. Mais dans ce filet d'eau tiède qu'est parfois Bookstagram, il convient aussi parfois d'oser aller à contre-courant quand le compte n'y est pas. Avec sincérité, modération et respect.

Mais donc pour moi, ce sera non.
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