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Critique de Presence


Ce tome comprend les 6 épisodes de la minisérie parue en 2010.

L'histoire, tout le monde la connaît : une planète mourante, un couple qui envoie son bébé sur terre dans une fusée, il est adopté par un couple de fermiers vivant dans le Kansas (ou dans un état peu éloigné de Metropolis, suivant les versions). Au début de ce récit, Clark Kent est un jeune adolescent qui joue au football (américain) avec ses copains à Smallville. Suite à une interception un peu brutale, Pete Ross se casse l'avant bras gauche en percutant Clark. Ce n'est pas la première manifestation de ses pouvoirs, mais celle-ci va l'éloigner des êtres humains normaux. Heureusement il peu compter sur le réconfort de Lana Lang qui connaît son secret. Cet accident indique également à Martha et Jonathan Kent qu'il est temps de dire la vérité à leur fils adoptif. Au fil des pages, Clark rencontre un autre habitant de Smallville (Lex Luthor), puis il découvre la nature de ses différents pouvoirs et Martha lui coud un étrange costume. Heureusement également, il se découvre 3 autres amis connaissant son secret et arrivant directement du futur. Puis vient le temps de déménager à Metropolis, d'être embauché au Daily Planet, de rencontrer Lois Lane et les autres, et d'être en but à la persécution de Lex Luthor.

Après les événements de Infinite Crisis, les éditeurs de DC Comics avaient indiqué que les coups de poing de Superboy avaient altéré la réalité et que Clark Kent avait bien été Superboy avant d'être Superman. La précédente origine du personnage racontée par John Byrne (The Man of Steel de 1986) était donc devenue obsolète et caduque, il fallait en raconter une nouvelle. La tâche a été confiée à Geoff Johns et Gary Frank (encré par Jon Sibal) qui avait déjà raconté la première rencontre entre Superboy et la Legion of Super-Heroes, ainsi qu'une étape importante dans la vie de Superman dans Brainiac.

Évidemment, la question qui se pose est : est-ce que le lecteur a besoin d'une nouvelle origine de Superman ? D'autant plus que cette version annule la majeure partie des changements qui avaient été effectués par John Byrne.

Pour répondre à cette question, il faut tout d'abord indiquer que Geoff Johns a une vision claire de qui est Clark Kent. du début jusqu'à la fin du récit, il aligne les scènes attendues et d'autres spécifiques à cette version des origines, en mettant en valeur un individu qui sort de l'ordinaire. Ce qui le met à part de l'individu lambda, c'est sa personnalité. À la fin de cette histoire, le lecteur a acquis la sentiment de connaître Clark Kent, de l'avoir côtoyé, d'avoir vu et compris comment il a avait grandi et pris la mesure et l'importance de son identité de Superman. Avant toutes choses, Clark découvre que ses pouvoirs font de lui un être à part malgré son enfance ordinaire dans l'Amérique profonde. Même si le lecteur connaît déjà l'histoire, il la vit avec plus d'intensité, plus d'émotion, plus d'empathie. Et puis il y a quelques personnages qui se mettent en place plus aisément dans cette histoire, que dans la continuité mensuelle (je pense en particulier au père de Lois et à Metallo).

Il ya également les illustrations superbes qu'il faut prendre en compte. Pour la présente édition (en cartonné dur), DC Comics a choisi un format un peu plus grand que celui des comics habituels et c'est un régal pour les yeux du début jusqu'à la fin. le ton est donné dès la couverture du premier épisode qui correspond à un croisement entre "American Gothic" de Grant Wood et l'Amérique constructive et saine de Norman Rockwell. Puis la première page nous amène sur une grande étendue herbue où se déroule un entraînement amical de football entre jeunes adolescents. Et toutes les séquences à Smallville dégagent un parfum d'Amérique intemporelle basée sur les valeurs du travail, de la famille et de l'amitié. Gary Frank utilise des traits secs et précis pour délimiter chaque détail. Il porte une grande attention aux tenues pour quelles paraissent aussi réalistes que possibles (entre autres les chaussures). Il a le sens du détail, de l'accessoire qui renforce l'ambiance, sans accaparer toute la place. Sa mise en scène est claire et carrée, avec une densité de cases d'une moyenne de 7 par page. Il choisit des modèles vivants pour modeler les visages, en particulier celui de Christopher Reeve pour Superman qu'il incarna en 1978 dans Superman de Richard Donner. Ce choix pour les visages donne une forte personnalité à chacun des individus. Après avoir refermé le tome, le lecteur se souvient encore de Rudy Jones (l'homme de ménage du Daily Planet) ou même de la rombière qui réprimande Kent parce qu'il marchait le nez en l'air à Metropolis. Et j'ai rarement contemplé une Lois Lane si craquante, énergique, fragile, déterminée et séduisante. Jon Sibal encre avec délicatesse chaque illustration pour restituer le plus finement possible chaque trait ; il complémente parfaitement Frank. Je n'aurais qu'une seule critique que Frank ait opté pour une silhouette un peu trop musculeuse pour Superman et Kent.

Bilan : une histoire déjà lue, mais avec une sensibilité et une justesse exceptionnelles qui ne verse jamais dans la sensiblerie et quelques détours imprévus, des illustrations précises, méticuleuses et rendant justice à chaque individu. Je ne sais toujours pas si le monde des comics avait besoin d'une nouvelle version des origines de Superman, mais en tout cas cette histoire est d'une grande qualité et je la relirai avec plaisir. Si vous n'avez jamais lu d'origine de Superman, sautez sur ce tome. Si vous la connaissez déjà, il y a fort à parier que cela ne vous empêchera pas d'apprécier cette excellente bande dessinée.
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