AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de AgatheDumaurier


Le lieu le plus dangereux du monde n'est pas, visiblement, Caracas ou Medellin, mais une petite ville cossue de Californie, près de San Fransisco, sise dans une merveilleuse vallée entourée de forêts de séquoias avec l'océan Pacifique à l'horizon...Des villas de luxe s'étagent sur le flanc des collines, avec leurs piscines à débordement et leurs parcs exotiques. Il y a un collège et un lycée pour les enfants de cette vallée. Mais ce qui s'y passe n'a rien d'angélique. Les enfants et les adolescents aux plumages chatoyants, blonds et beaux comme des Californiens de concours, seraient-ils des êtres creux et dénués de toute valeur morale ? Agrippés à leur portable toute la journée, ils font le mal sur les réseaux sociaux, et personne n'est là pour les arrêter.
On commence à bien les connaître, ces jeunes Américains perdus et sans repère. Ils peuplent la littérature de leur pays, effrayant les romanciers...Enfin surtout les romancières. Cet univers factice, plein d'illusions, de vide et de violence à fleurets mouchetés, fait penser à Laura Kasischke, Joyce Carol Oates, pour citer les meilleures...Et un peu à Bret Easton Ellis, en moins hallucinatoire. On suit un groupe de camarades (enfin, camarades...) de la quatrième à la terminale. Il y a le beau sportif populaire et totalement vicieux, le fils à papa richissime en voie de non retour sur la route de l'autodestruction, l'intelligent ténébreux presque délinquant, la danseuse, la bohème, la belle, la moins belle, et le rondelet que personne ne comprend ni ne cherche à comprendre. Un joli panel. Ils sont entourés d'adultes, tous défaillants. Les parents en premier lieu, misant tout sur leur enfant souvent unique, l'idéalisant au point qu'ils ne le voient plus et le comprennent encore moins. Surtout qu'ils travaillent pour être riches, et les livrent à eux-mêmes, car ils leur "font confiance". Confiance pratique mais très mal placée en ces âges troubles. Refusant de voir en face les difficultés de l'éducation et souhaitant s'y soustraire, ils contredisent systématiquement tout ce que dit l'école, considérant qu'elle se trompe et que leur enfant est parfait...Dur dur d'être parfait, surtout quand c'est loin d'être le cas. Découragée, l'école finit par fermer les yeux et laisse les enfants en roue libre, jusqu'à des catastrophes annoncées.
L'élément rassurant, en tout cas pour nous lectrices françaises, c'est de voir qu'on est encore assez loin de ce "rêve américain". Ce qui se passe dans les classes est inimaginable ici : portables ouverts sur les tables, propos intolérables tenus au professeur, notamment sur sa vie privée, pression extrêmement grave sur les notes...Quelle folie ! La tragédie est écrite d'avance.
Un roman que je n'ai pas pu lâcher, choral, très bien écrit, très intéressant, et une auteure qui sait de quoi elle parle, et que je suivrai !
Commenter  J’apprécie          352



Ont apprécié cette critique (31)voir plus




{* *}