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Critique de OmbelineClarke


D'abord, une sublime première de couverture : le beau visage livide maculé de sang vermeille d'une sirène rousse. Tout est splendide, de l'image à la typographie, jusqu'au résumé, qui a achevé de me convaincre.

Il s'agit de ma toute première lecture du genre, un challenge, en vérité. Et, une fois n'est pas coutume, ça n'a pas fonctionné pour moi.

Je n'ignorais pas qu'on serait très, très loin du conte d'Andersen et encore plus du film Disney. À peine y retrouvons-nous notre protagoniste principale (ici Angela), jolie jeune femme atteinte de sirénomélie, vendue par son père à un cirque. Elle y fait la connaissance de son meilleur ami, Henry, garçon difforme dont les doigts soudés ensemble figurent des pinces de homard.

L'idée de départ était pourtant bonne : attribuer à la condition d'Angela une explication scientifique, plausible. Sa vie cauchemardesque dans ce cirque tenu par Stanley, un forain pervers, rappelle celle de Joseph Merrick alias Elephant Man. Jusque là, j'étais dedans, j'y croyais. Une sirène monstre de foire, prostituée sans pitié pour servir les penchants ignobles de clients crasseux, ma foi, pourquoi pas ? L'ambiance est crédible, glauque à souhait. J'ai plongé dans un océan de tristesse et de douleur très bien écrit, servi par une plume acérée, agrémentée d'expressions québécoises.

C'est ensuite que les choses se corsent. Un déferlement de violence dont j'ai parfois peiné à trouver la justification. L'âme humaine est décortiquée dans toute sa noirceur, sa déchéance. Viol, passage à tabac, torture, folie...j'avoue que mon estomac a été un peu malmené au cours de ma lecture. Petite nature que je suis, je pensais tout de même m'être assez préparée à cette relecture audacieuse de l'une de mes histoires favorites.

C'est tellement dommage parce que le fond est très bien vu, les personnages sont correctement travaillés et le fait que l'action se déroule au Québec ajoute une dose d'originalité agréable. le Palais des Nains, sorte de cour des miracles ahurissante de démence meurtrière, a le mérite de surprendre, tant il survient de nulle part. Et c'est peut-être en cela que réside le problème. À force de vouloir choquer, on finit par se perdre.

Les chapitres défilent, tels les scènes d'une pièce de théâtre macabre dont les acteurs souffrent tant, que le public en vient à souhaiter que ça s'arrête. Les genres se mélangent : fiction réaliste, conte horrifique, on passe de l'un à l'autre sans avoir le temps de reprendre son souffle.

En vérité, si l'objectif est de mettre le lecteur mal à l'aise, de le pousser à refermer le livre avant de le rouvrir avec un intérêt coupable, alors, la mission de l'auteur est réussie. À chaque épisode insoutenable, j'ai pensé ne pas aller au bout. Et ils sont très (trop?) nombreux au fil des pages. Malgré tout, j'ai terminé cette histoire, l'esprit bien loin des vagues et des profondeurs marines.

Une lecture bien perturbante pour ma part, qui risque d'alimenter quelques cauchemars ! Mais peut-être que c'est ce qui donnera envie à certain.e.s de s'y plonger au risque de se noyer?

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