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Critique de Dionysos89


En 2012, Marvel lança un nouveau label pour attirer de nouveaux lecteurs, à l'image des « Year One » de la Distinguée Concurrence : « Season One ». Et tous les super-héros de la Maison des Idées ont bénéficié de ce renouvellement. Daredevil ne fit pas exception sous la plume d'Antony Johnston et le trait de Wellinton Alves.

Dès le départ, la problématique de ce comics est exposée très visuellement : le courage peut-il compenser la cécité ? C'est étrange de voir la cécité uniquement comme un ennui à surmonter et non comme une caractéristique inhérente à ce super-héros, d'autant plus d'ailleurs qu'il a obtenu en « compensation » un sens radar des plus pratiques. Disons que, pour Daredevil, la cécité n'est pas un vrai handicap, c'est davantage une caractéristique qui nous fait le reconnaître. Ce n'est donc pas, malheureusement, un défenseur des discriminations envers les « déficients visuels » en général. Sa perte d'acuité visuelle et son gain au niveau radar ne sont pas le plus important ici, tout juste nous apporte-t-on quelques flashbacks explicatifs. le scénariste tente surtout de nous faire comprendre que Matt Murdock est, au départ, vaniteux et un peu lourdingue, comme toute personne, sûrement, se découvrant un pouvoir surhumain et endossant un costume bariolé. Mais malheureusement, il parle, il parle sans arrêt, ce Daredevil ! Je n'imaginais pas qu'un avocat taciturne qui rôde la nuit en costume de diable pouvait autant se morfondre sur ses propres faits et gestes. C'est vrai que c'est une façon comme une autre de faire progresser son personnage, mais il est difficile d'adhérer à toutes ses réflexions tellement il y en a, et évidemment certaines sont vides. de la même façon, nous assistons à la fameuse transition des costumes, de jaune à rouge, de Daredevil, mais elle se retrouve bien mal expliquée, alors que cette justification aurait pu approfondir la psychologie du personnage. Nous sommes donc dans un entre-deux constant entre bons développements et raccourcis dommageables.
Les dessins de Wellinton Alves sont plutôt sympathiques, raisonnablement, mais il nous faut des situations exceptionnelles (une ou deux sur l'ensemble de cet opus) pour contempler une scène vraiment marquante visuellement. Il faut dire aussi que cela transcrit sûrement comme il convient la fadeur de certains personnages vis-à-vis du Daredevil. Pour sa « première saison », Antony Johnston oppose volontairement une flopée de super-vilains très secondaires et très bestiaux (le Boeuf, le Hibou, l'Anguille, Mr. Fear, Electro, etc.) et ne dévoile les plus gros adversaires de l'Homme sans Peur que lors de la toute dernière page sans vraiment s'en servir. À l'inverse, il nous sert beaucoup trop de références au monde des super-héros Marvel. C'est sûr, il est intéressant de se rendre compte combien Daredevil à Hell's Kitchen est très proche géographiquement de Spider-Man et des Quatre Fantastiques qui parcourent New York également, mais là ils prennent beaucoup trop de place au point de se demander si, étonnamment, l'éditeur et/ou l'auteur n'ont pas eu peur que Daredevil ne puisse pas soutenir l'histoire seul. Heureusement, le monde du barreau est bien présent, c'est ce qu'il faut pour ce super-héros avocat, sans être pour autant porteur d'avancées significatives dans l'histoire, cela participe à l'enquête du moment, et cela fourbit l'association toujours pilier entre Matt Murdock et « Foggy » Nelson. En revanche, leur secrétaire est vraiment inutile : c'est une marotte de ne proposer que des femmes faibles et potiches, et ici avec des répliques comme « dommage que vous n'ayez pu les voir » ou bien avec des réflexes bêtes comme avoir sa carte personnelle quand on est en couverture et que l'on suit quelqu'un.

Daredevil : Season One est donc une histoire qui se tient très bien, mais qui n'élève jamais son niveau au point de persister bien longtemps après la lecture. C'est dommage car les choix faits tant scénaristiquement que graphiquement auraient pu faire mouche.

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