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Critique de Seraphita


Cela fait quatre ans que Justin a disparu, une éternité pour ses parents, Laura et Éric, dont les vies sont devenues, progressivement, insidieusement, parallèles. Griff, le fils cadet, qui parfois s'imagine fils unique, essaie tant bien que mal de tenir le coup. Quand Justin revient, la famille connaît un répit, « une permission de s'absenter de la souffrance ». Mais le lent déchirement familial se poursuit, chacun essayant de retrouver une place qui ne peut être celle d'avant le drame.

« Souviens-toi de moi comme ça » est le premier roman de Bret Anthony Johnston, jeune écrivain américain. C'est un roman poignant qui s'efforce de dépeindre, avec une grande justesse, une névrose familiale organisée autour de l'un de ses membres : Justin. L'auteur décrit par le menu les remords, doutes, angoisses qui assaillent chaque membre de la famille, la culpabilité figurant au premier plan des tourments.
Il émerge de l'intrigue le sentiment d'une grande violence, non pas tant dans les descriptions des faits que dans les ellipses qui les entourent. Les traumatismes affleurent, en creux des silences, des évitements de chaque protagoniste.
En prenant le parti de l'introspection et en la déployant sur plus de 400 pages, l'auteur prend aussi le risque d'essouffler son lecteur. Et il est vrai qu'il faut parfois s'accrocher pour persévérer. En ce sens, le style sobre, dépouillé, incisif peut aider. de très belles phrases surgissent çà et là, au détour de ce qui pourrait paraître anecdotique. Ainsi, quand, à la fin du voyage, ou bien à son commencement, la constellation du dauphin marbre d'étincelles le ciel nocturne, un sentiment de libération surgit chez les quatre protagonistes, « comme s'ils étaient sur le point de prendre la route, de s'engager sur un chemin à la lumière d'étoiles qui ne disparaîtraient jamais » (p. 438).
C'est une oeuvre rude, exigeante, mais qui laisse la lumière jaillir, filtrer, en creux des ombres du chemin.
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