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Critique de Cigale17


Un richissime empereur de Chine particulièrement bienveillant envers son peuple, plutôt original, amoureux des arts et protecteur des artistes, possède un véritable trésor : sa fille unique, Première Lueur du Jour. Des dizaines de gentils dragons lui ont offert des dons variés à sa naissance : par exemple, le don de ne pas se mettre en colère quand elle rencontrera un imbécile ou celui de comprendre le langage des animaux, mais surtout celui de peindre de magnifiques oiseaux capables de prendre vie. C'est pourquoi on l'appelait la Princesse aux Doigts d'Or. Mais les oiseaux dérangèrent un horrible fantôme, Sabre de Sang, tellement mauvais que, à sa mort, les dieux lui avaient refusé d'entrer aux Enfers… Furieux devant la beauté des oiseaux et la vie qu'ils font renaître partout, le fantôme s'introduisit dans le palais et jeta un sort à la princesse : elle ne pourrait jamais plus tenir un pinceau. Dans le royaume, on met tout en oeuvre pour guérir la princesse, mais rien n'y fait. Jusqu'au jour où…

Ce bel album grand format est un vrai coup de coeur tant pour le texte que pour les illustrations ! J'ai l'impression que Christian Jolibois a adopté ici l'univers de He Zhihong. En effet, l'illustratrice vit en France depuis longtemps, mais elle est née en Chine et elle semble pétrie de culture chinoise traditionnelle. Elle travaille sur soie et sur papier de riz avec des encres de couleurs, dans un style qui rappelle certains dessins traditionnels chinois. Le texte nous propose des personnages et des lieux qui portent des noms imagés, comme le veut la tradition chinoise : Première Lueur du Jour, Sabre de Sang, Chat errant sous la Lune pour les protagonistes ou La Montagne aux mille Fleurs et la Montagne des Portes du Ciel pour les lieux. La plupart des illustrations occupent une double page dans laquelle un texte très fourni trouve bien sa place. Texte et illustrations sont en parfaite adéquation : mélange de tradition et d'originalité, de délicatesse et d'humour, et mélange des cultures ; les dragons remplacent les fées et le rôle du méchant est dévolu à un fantôme. L'auteur interpelle souvent le petit lecteur et maintient ainsi le contact : « Je t'entends déjà protester, ami lecteur » ou encore « Lecteur, mon ami, ne sois pas impatient ! Approche et regarde ». Bien sûr, le conte prône des valeurs nobles : la bienveillance, le courage, l’entraide, la persévérance, etc. Bref, une totale réussite !

Prix des Incorruptibles 2019-2020, sélection CE2/CM1
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