AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de cardabelle


.
Bien que tout soit déjà dit dans les quelques excellentes critiques qui présentent le dernier né de Serge Joncour , je me dois de venir appuyer les louanges .

En effet , je referme " Nature Humaine " à regret avec le sentiment d'avoir fait un beau voyage dans le temps en partageant la vie d'une famille de paysans lotois , attachante et sympathique .
La ferme centenaire , berceau de cette famille ," la matrice " , est le cadre qu'a choisi l'auteur pour nous proposer une rétrospective sociétale aboutie , lucide , et émouvante .
Mais , la marche du temps observée depuis un beau domaine niché au coeur d'une nature luxuriante va devenir une menace et les remous ne vont pas manquer à cette fresque paysanne qui se situe entre 1976 et 1999 .

Parfois , le récit prend aussi l'accent de Toulouse pour rejoindre la jeunesse estudiantine ou alors on quitte le Lot pour un périple en Aveyron où les causses font figure de maquis pour des rebelles repentis (ou pas ) , des écoterroristes aux allures hippies qui firent leurs classes au Larzac . L'auteur en profite pour évoquer en filigrane les motivations perverties se cachant derrière les luttes les plus nobles .
Pas facile de séparer le bon grain de l'ivraie pour Alexandre le jeune héros , fils de la maison et personnage principal que l'on va regarder grandir , évoluer et se construire toujours guidé par une sagesse héréditaire malgré les apparences parfois trompeuses ...je n'en dirai pas plus !

Sinon , le roman présente une alternance constante de l'intrigue avec des chroniques historiques .
Les domaines politiques ou économiques font aussi place à de savoureux souvenirs du quotidien des français , des bribes parfois désuètes et bien souvent nostalgiques .

Bien sûr , l'accent est mis sur l'évolution des campagnes soulignant au passage les drames subis par un désenclavement inévitable .
Mais , j'ai surtout retenu le portrait changeant du monde rural : la désertification des campagnes , la mort des exploitations , la métamorphose du paysan en exploitant agricole et toutes les contraintes qui viennent tuer le sentiment de liberté et de quiétude .
On voit peu à peu s'étioler la sagesse ancestrale , le bon sens paysan rudement mis à mal .

Pourtant , malgré la gravité d'un sujet qu'hélas on connait bien , le roman va garder un caractère lumineux , dynamique porté par une belle écriture empreinte de poésie , de tendresse , de finesse et piquée ici et là de traits d'humour.
le rythme est enlevé , la forme bien pensée pour servir un travail d'investigation très dense et rondement retranscrit où foisonnent les anecdotes de la grande et la petite histoire .
Et , j'oubliais , la trame offre quand même une histoire d'amour plutôt compliquée !

Mais , c'est l'idée maîtresse qui me revient le plus à l'esprit persuadée que la transformation de nos campagnes nous concerne tous et je crois que ce livre souligne la lente évolution de la conscience collective .
Il n'est pas sans me rappeler l'oeuvre de Georges Rouquier dans " Farrebique" ( 1946 ) et "Biquefarre" (1984 ) deux superbes films documentaires retraçant aussi l'évolution d'une famille de paysans aveyronnais face au progrès .

Et voilà que s'achève pour moi un excellent moment de lecture . Des quatre romans de Serge Joncour lus , ce dernier est mon préféré et j'envie ceux qui ont encore à le découvrir !
Bonne rentrée littéraire à tous !



Commenter  J’apprécie          12319



Ont apprécié cette critique (72)voir plus




{* *}