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Critique de Le_chien_critique


Il sera une fois, un belge sera désappointé par la cruauté de l'Homme. Il décidera donc d'écrire quelques textes pour montrer à ses congénères leurs infamies et la possibilité de lendemains fraternels.

Voilà un auteur qui pourra se targuer de m'avoir fait une belle frayeur dès les premières pages de son recueil ! La nouvelle Barbares s'ouvre par une citation "Les Barbares arrivent !" Des colons doivent fuir devant l'invasion prochaine de barbares. de la SF militariste bas du front et patriotique ? Heureusement il n'en est rien, mais je n'en menais pas large. Il m'a fait peur le bougre.

Il sera une fois est un recueil de 15 nouvelles assez courtes explorant les différents sous genres et items de la SF : Space opera, Altérité, Pouvoirs psy, Voyage dans le temps, Apocalyptique, Evolution, Mutation, Planet Opera, Religion, Science, Guerre,...
Je ne suis pas un très grand fan du format court, mais j'aime bien les textes à chute et les retournements de situations. Et ici, l'auteur en fait souvent sa marque de fabrique.

Des textes profondément humanistes, mais qui ne se départissent pas d'un certain pessimisme sans toutefois sombrer dans le Noir c'est noir. Et souvent une petite lueur d'espoir se faufile entre les lignes. En outre, l'auteur a un recul sur les thématiques abordées, dosant une pointe d'humour par ci par là, voir quelques nouvelles humoristiques.
Les sujets abordés, leurs traitements rappellent parfois un Robert Charles Wilson : humanisme, pessimisme, humour léger. Mais là où Wilson va apporter un soin extrême dans ses personnages, aborder les sujets de côté, Southeast Jones va préférer une approche plus directe et utiliser le retournement de situation, le changement de paradigme, de point de vue pour nous faire réfléchir sur nous mêmes, notre soi-disant supériorité, notre prétendu sagesse et notre frêle et fragile fraternité.

Un style et une écriture sobre et simple pour immerger de suite le lecteur dans le pitch (le style de la nouvelle Barbares m'a cependant quelquefois fait tiquer). Chaque nouvelle est illustrée et une préface ouvre le tout.
Pas très fan de la couverture, elle illustre cependant à merveille ce recueil : un vieillard racontant des histoires passées ou vécues à des "aliens" en osmose avec le titre.

Au final, j'ai été très agréablement surpris, parfois retourné ou chahuté. Rien qui ne renouvelle le genre, mais le ton percutant de l'ensemble est un atout indéniable. En outre, même si ce sont des nouvelles à "message", ce dernier est assez ouvert pour ne pas déranger le lecteur.
Et moi, un belge qui écrit de la SF avec des fous (l'auteur est membre de l'Association Les artistes fous associés), ça me donne envie.

Avis rédigé dans le cadre d'un service de presse.

Allez, petit tour d'horizon des différents textes :

Barbares !
Exploration spatiale, colonisation, rencontre avec des intelligences autres. Et comme souvent, la guerre. Une nouvelle à chute que je n'ai pas vu arriver, car le texte était très martial me donnant des doutes sur l'intention de l'auteur. Doute balayé par la fin. Un texte assez sombre, mais réaliste.
L'écriture est parfois fluctuante, mais quelques fulgurances sont à noté toutefois. Elle restera la plus marquante dans mon esprit.

Contrat
Une variation autour du pacte avec le diable. A demander l'impossible, ce dernier pourrait bien advenir. Mais à se croire plus malin que le Malin...
Du fantastique, l'auteur nous emmène vers la SF. Une petite friandise acidulée.

Emancipation
Un individu, agoraphobe, est retiré dans sa demeure isolée. Il y vit sa retraite au calme, jusqu'au jour où des gamins s'amusent à tambouriner à sa porte.
Une fin qu'on pense voir venir de loin. mais non, l'auteur nous prend à rebrousse poil.

Divergence d'opinion
Deux peuples, avec chacun sa façon de voir l'Elu. Et comme toujours avec la religion, la guerre est là pour inculquer de force à l'ennemi sa vision des choses.
Ici la raison de la divergence d'opinion est extrêmement ridicule. Un texte profondément humaniste, mais l'Homme a plus d'un tour dans sa main pour faire oublier son humanité.
Simple, direct, percutant.

Question de foi
Ils sont là. Nous ne sommes désormais plus seul dans l'univers. Les ET ont opté pour le pape comme ambassadeur et leurs révélations va causer quelques soucis à notre souverain pontife.
Une fin très ouverte, à nous lecteur de clore le récit.

Rétrocession
Un vieux loup de mer s'entretient, monologue plutôt, avec un jeune qui va faire son premier voyage. On passe de la mer à d'autres espaces.
Un texte qui explore l'imaginaire du navigateur avec beaucoup de charme.

Jonas
Nous sommes dans une ville assez glauque, sombre, polyglotte, un individu déambule jusque un bar interlope. Une nouvelle assez dickienne dont je ne suis pas certains d'avoir tout saisi.

Trip
Pourquoi se limiter à des drogues douces alors que le monde cyberpunk vous ouvre les portes. Aux accros du surf, la fin vous fera baver d'envie. A ceux plus mesurer, cette dernière risque de vous faire passer l'envie des google glass.

Grand-Veille
Autre temps, autre moeurs, la cérémonie des morts est festive désormais. Mais qu'est ce que la mort dans le futur ? Nous suivons dans ce futur deux jours d'une famille préparant la cérémonie.
J'ai beaucoup aimé ce texte qui joue avec les souvenirs des souvenirs du temps passé. Les us et coutumes se perdent, s'oublient ou prennent une autre tonalité, tel ces "sandwichs au chien avec de la moutarde" que mangeait les gens de notre époque. L'auteur réussit à nous perdre dans la vie quotidienne de ce futur incongru, et il perd ses personnages dans ce passé dont il ne reste quelques vestiges. Cette nouvelle a aussi un petit air de la série Westworld.

Notre-Dame des opossums
Une épave est retrouvé dans l'espace, il ne reste d'utilisable que quelques extraits du journal de bord dont la nouvelle nous donne la transcription.
Comment approcher un monde venant d'être découvert ? L'observateur a t-il une influence sur ceux qu'ils observent. Sur cette problématique anthropologique, l'auteur nous interroge sur nos agissements et les méfaits de notre soif de découverte. Un très bon texte.

Début de semaine
Les Etats vont appuyer sur le petit bouton rouge pour envoyer l'humanité en enfer. A moins que ?
Très court texte percutant. Pour le bien de la Terre, que ne serait on capable de faire.

Le C.R.I.M. était presque parfait
La science créé parfois des inventions dont elle ne comprend pas trop les rouages et le résultat. Mais qu'importe, le progrès doit advenir. Sur cette interrogation, une réécriture de la célèbre machine à voyager dans le temps.

Le temps du repos
Le dernier de son espèce. Futur, proche ou éloigné, le monde se meurt et va disparaitre, voici les dernières pensées du dernier homme. Si nous ne voulons pas que ce futur advienne, reste à se retrousser les manches bien hauts. A mettre en parallèle avec Contrat.

Noël Lointain
Sur les mêmes thématiques que Notre-Dame des opossums. Difficile d'en dire plus sans en dévoiler les rouages, nous sommes ici dans le planet opera, la rencontre avec d'autres civilisations et le Père Noël ! Des "bienfaits" de la colonisation en quelque sorte !

Les enfants de nos enfants
L'Homme a un esprit très ouvert, du moins si celui qui se trouve en face de lui est le reflet parfait ! Sinon, l'ouverture d'esprit se transforme vite en un : C'est pour le bien de l'humanité, de notre race de notre congrégation...
L'évolution a t-elle l'esprit ouvert, elle ?
Un texte qui rappelle Les enfants d'Icare, en plus percutant du fait du côté succinct.
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