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Critique de Pois0n


Ils sont riches, habitués à obtenir tout ce qu'ils veulent, et n'hésitent pas pour cela à proposer des marchés odieux : les trois romans composant ce recueil possèdent des héros qui ne reculeront devant rien.

L'ivresse du désir commence vite, très vite, nous plaçant dès les premières lignes (!!!) devant le fameux désir réciproque instantané. Mais dans la tête de Keira comme de Jay, les choses sont loin d'être aussi simples : la première a passé sa jeunesse à entendre qu'elle finirait sur le trottoir comme sa mère, le second a vu son père tomber sous l'emprise d'une croqueuse de diamants et à ses yeux, la vie des femmes qui l'abordent ne tourne qu'autour de l'argent. Que l'une craigne plus que tout d'être accusée de moeurs légères tandis que l'autre voit lesdites moeurs légères partout aurait pu donner quelque chose d'intéressant, si seulement tout n'avait pas été si exagéré. Indépendante sur le plan professionnel, Keira est demeurée une adolescente terrifiée par le jugement des autres au niveau personnel. Au point d'avoir décidé, purement et simplement, de tirer un trait sur toute vie sentimentale, pour éviter de commettre les mêmes erreurs que sa génitrice. Wait, what ? Et Jay est encore pire : pour lui, dès qu'une femme adresse la parole à un homme, c'est *forcément* pour le séduire afin de soutirer de l'argent. En bref, « toutes des p***s » ! Pendant une centaine de pages, il ne fait donc qu'accuser Keira d'être une aguicheuse quand elle parle à ses fournisseurs, à un vendeur, à un journaliste... La jeune femme en prend plein la tronche pour pas un rond et finit par ne même plus essayer de se défendre tant Jay se montre borné et horripilant sur ce point. Mais comment un mec aussi sexiste, parano et dominateur est-il censé faire rêver quiconque ??? Perso, il m'a plutôt fait grincer des dents et donné envie de balancer le livre à travers la pièce...
Dans ces conditions, on ne s'étonnera donc pas trop que la « romance » entre ces deux-là soit un véritable désastre. Entre « sentiments » qui apparaissent de nulle part en l'absence de l'autre et méfiance réciproque qui disparaît le temps de se bécoter avant de revenir puissance douze deux secondes plus tard, absolument rien ne tient debout à ce niveau.
Et pourtant, le livre n'est pourtant pas un naufrage complet. Car reste le décor et surtout, le travail de Keira. Décoratrice d'intérieur, sa mission consistant à marier tradition et modernité en association avec des artisans locaux se montre passionnante. On suit la jeune femme depuis l'esquisse de ses premières idées aux visites auprès des producteurs jusqu'à la consécration dans les magazines ; on nous parle de tissus, de peinture, de meubles, de textures et de couleurs. Loin de n'être qu'un simple prétexte à l'histoire, cet aspect prend une importance inattendue au sein du récit et s'avère plutôt bien traité. Certes, on est toujours dans une histoire d'à peine plus de 130 pages, mais Penny Jordan a parfaitement exploité le métier de son héroïne dans le cadre de son récit.
Quel dommage que le reste ne soit pas du même niveau ! En l'état, lecture tantôt enchanteresse, tantôt irritante au possible, L'ivresse du désir reste impossible à conseiller à quiconque. (5/10)

Sous l'emprise de la passion paraît, au premier abord, à peine plus réaliste : un gala de charité, une veuve aussi sexy que Jessica Rabbit, un promoteur aux dents longues : l'on ne pourra s'empêcher d'être, comme les invités, choqués par le baiser torride échangé par ces deux-là alors qu'ils ne se connaissent pas. Mais il suffit que l'on en apprenne un peu sur Lia pour comprendre la véritable nature de son mariage et lui pardonner aussitôt cet égarement. Au contraire, la jeune femme culpabilise beaucoup pour pas grand-chose.
Lia est le véritable point fort du roman. Égratignée par la vie, elle n'attend plus grand-chose de celle-ci... du moins, avant que Roark ne la bouleverse accidentellement. Jamais Lia n'apparaît comme une pleurnicheuse, jamais ses choix ne semblent illogiques, tout au plus semble-t-elle un peu paumée à l'occasion. Bref, Lia est une héroïne réussie. Roark, par contre... Roark ne pense tout simplement qu'à lui. Déjà assez peu sympathique au départ, sa façon de traiter Lia dans la seconde partie du roman est tout simplement à vomir. C'est dommage car en dehors de ça, le développement de leur relation naissante est plutôt bien troussé passé le début très rapide. Avant que Roark ne gâche tout, évidemment. Son comportement se rapproche davantage du sadique de dark romance que du gentleman dont il joue le rôle au départ. Sauf que l'on n'a pas signé pour ça. Certes, les héros dominateurs ne sont pas rares dans les Harlequins Azur, mais la souffrance psychologique infligée à l'héroïne, on ne s'y attendait clairement pas. Les deux personnages ayant en outre perdu leurs familles dans des circonstances tragiques, vous imaginez l'ambiance assez pesante qui plane sur une bonne partie du bouquin...
Et pourtant, « Sous l'emprise de la passion » n'est pas un mauvais roman. Sans doute parce que l'autrice est parvenue, en seulement 133 pages, à créer une histoire complète, sans temps morts ni longueurs, et qui, surtout, ne sonne pas creux. Les enjeux vont bien au delà de la romance ou du parc construit par Lia et les traumatismes des protagonistes donnent une profondeur inattendue au récit. Oui, Roark est à baffer et Jennie Lucas a eu la main lourde avec lui... mais, globalement, l'histoire s'avère plus crédible qu'il n'y paraît au départ et la narration, fluide, en rend la lecture somme toute assez addictive. (6/10)

Après deux romans aux personnages masculins détestables, on craint le pire lorsque Marco sonne à la porte d'Amber et n'hésite pas à fouiller son appartement de fond en comble. Pourtant, contrairement à Jay et Roark, Marco sait se montrer bien plus civilisé... voire même étonnamment respectueux. Certes, il est furieux et bien décidé à ce que les choses se passent comme il le veut. Mais il se montre néanmoins à l'écoute d'Amber et de ses désirs et ce, de plus en plus au fur et à mesure que l'histoire progresse. L'étonnement succède à la crispation initiale et finalement, Marco mérite probablement une étiquette de « gentleman » dont bien peu de héros de romans Azur peuvent se targuer.
Dans ces conditions, voir Amber se dépatouiller et accepter son chantage afin de protéger sa soeur cadette et la famille qu'elle a fondé s'avère plutôt plaisant, plus encore une fois l'action située au Venezuela, au coeur de grands espaces peuplés d'une riche faune sauvage. A travers la plume de Daphne Clair, on en prend plein les yeux tout en suivant le lent rapprochement des protagonistes.
Pendant les trois quarts de l'intrigue, on ne s'ennuie clairement pas.
Reste que les derniers chapitres, en mode résumé, s'avèrent bien plus précipités et la fin très rapide. Dommage, car « Une accusation si troublante » parvient, à lui seul, à sauver le recueil ! (7/10)

Si vous pouvez trouver le dernier roman séparément, ne vous privez clairement pas tant celui-ci s'avère bon. En revanche, les deux premiers sont bien trop perfectibles (et leurs héros horripilants) pour justifier l'achat du présent recueil.
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