AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de emeralda


L'Inde est un pays qui m'est totalement inconnu et c'est par le biais d'Ayyan ainsi qu'avec les autres protagonistes de ce premier roman étranger que j'ai pu découvrir, un peu au-delà des clichés, une société qui se veut de plus en plus occidentalisée, mais encore largement engluée dans ses traditions et son passé.
Exotisme, dépaysement, mais l'ensemble est tout sauf low-cost ! Ayyan, notre guide principal, ne veut point se brader, il a conscience de sa valeur et de celle de son fils, Adi (qualifié de petit génie et enfant handicapé car sourd d'une oreille). On ne peut pas vraiment lui donner tort car le système des castes ainsi que la loterie des naissances ont bloqué le chemin de la réussite à trop de véritables hommes et femmes, si ce n'est de génie, de qualité tout au moins. Il est temps de réparer les injustices, de remettre les éléments à leur juste place, d'être enfin lucide et clairvoyant. Enfin tout ceci est assez facile sur le papier car dans les faits, c'est autrement plus complexe.
L'homme n'est pas bon par nature, du moins, ses actes de manière générale ne le laisse pas vraiment supposer même si les bonnes volontés ne manquent pas non plus. Disons donc que Manu Joseph résume cela assez bien en écrivant : "Car ce que tout homme voulait vraiment, c'était être plus important que son voisin."
Il ne faut surtout pas être du côté des loosers ! Cependant Ayyan, trop porté par ses griefs de petit secrétaire est allé loin, très loin ! Il aurait dû stopper sa machine infernale bien plus tôt, mais il n'a pu s'y résoudre et a tenté sa chance jusqu'au bout.
A trop vouloir changer le court des évènements, on risque fort de se faire dépasser par ces derniers. Reste pourtant qu'un retour à la "normalité" peut être insupportable. Pire que la mort ! L'immobilité n'est-elle pas plus terrible encore que la fuite en avant sans contrôle ? Question de perception et de tempérament sans doute. A vous de voir où vous vous situez.

Comme dans la vraie vie, on oscille dans ce texte entre le sordide, la joie, la légèreté, l'intelligence, la bêtise, la beauté, la laideur… etc. C'est la comédie humaine version indienne bien loin de Bollywood, de ses paillettes, de ses chansons, de ses histoires d'amour qui se terminent en véritables contes de fées.
Cet ouvrage se lit aisément, avec plaisir et pour un premier roman, on se dit que voici un auteur plein de promesses. Il a gardé la simplicité du style journalistique, mais c'est assez étoffé pour que l'on parle alors de littérature. Un juste compromis.

J'ai aimé le regard d'Ayyan (mais aussi celui des autres protagonistes qui prennent le récit en main tour à tour) qui n'est pas toujours tendre (loin de là même) avec ses semblables alors que lui-même n'est point parfait. C'est tout au moins comme cela que je l'ai perçu.
"L'Homme est un loup pour l'Homme" et ce que l'on découvre à travers les sites, les lieux où évoluent les protagonistes de ce récit, ne contredit pas cette expression. Chacun tirant la couverture à soi. Ces luttes intestines sont risibles, ridicules, mesquines et inutiles. C'est contre productif et pourtant banal. Je trouve que l'on touche là quelque chose de plus global et que l'on ne peut pas seulement appliquer à l'Inde. C'est d'ordre planétaire. le monde marche sur la tête et il serait temps d'y remettre de l'ordre.

Dans "Les savants", on aborde des sujets graves comme les épouses immolées par leurs époux. Pratique d'une cruauté sans nom !!!! Comment cela peut être encore possible de nos jours ?!!!!! Manu Joseph ne s'y attarde pas vraiment, mais ne cache pas cette réalité. C'est mieux que de la passer sous silence même si c'est très peu. Cela tranche encore un peu plus avec Bollywood. D'ailleurs au fil de la lecture, ce ne sera pas le seul détail noir qui entachera la belle carte postale et c'est tant mieux. On ne vit pas au pays des Bisounours.
La religion sera assez présente et si pour une fois, on se tiendra un peu éloigné des fanatiques (encore que), nous aurons l'occasion de voir que pour obtenir des conversions, on n'hésite pas à faire miroiter les avantages financiers liés à telle ou telle confession. L'argent est le nerf de la guerre, mais doit-on brader pour autant Dieu, sa foi et tout le reste ?

Dans ce roman, on évolue dans un autre pays que l'on ne connait pas forcément (du moins, moi, je ne le connaissais pas plus que cela) et dans le milieu scientifique, mais je vous rassure immédiatement, on n'a nul besoin d'avoir bac+12 ou d'être un génie des mathématiques ou de la physique pour tout comprendre. Manu Joseph nous offre là des portraits humains façonnés par les traditions, mais également par des courants plus modernes, plus contemporains, plus occidentaux (vive la mondialisation) et donc il y a des télescopages. C'est à la fois un récit exotique et familier, chaud et froid, sucré et salé que je vous invite à découvrir fin août 2011 lors de sa sortie. Vous devriez y trouver votre bonheur.
Lien : http://espace-temps-libre.bl..
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}