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Critique de PatrickCasimir


Flavius Josèphe ne se donnerait-il pas le beau rôle ? Il a perdu la bataille contre les Romains, a échappé au suicide collectif par ruse, s'est livré aux Romains puis a décidé de se mettre à leur service. Ne serait-il donc pas un traître? Pierre Vidal Naquet n'a aucun doute là-dessus. Mais un traître intelligent qui, semble-t-il, s'efforce de ramener à la raison ses concitoyens - coreligionnaires dans leur révolte contre Rome. Combattre un empire qui a reçu de Dieu la souveraineté mondiale, n'est-ce pas peine perdue ?
De toute façon, une maison divisée contre elle-même court à sa ruine, avait dit en substance Jésus, 70 ans auparavant, comme il avait prédit aussi la destruction du second temple (hérodien). D'aucuns disent qu'il était facile de prophétiser, a posteriori, des années après, la destruction de Jérusalem - on parle évidemment des Evangiles qui ont été rédigés bien après tout ceci (voir un des articles de Juifs et Chrétiens du IIème siècle déjà mentionné dans Babelio).

N'importe, les Juifs ne se contentaient pas de combattre Vespasien puis Titus, ils s'entretuaient. Une véritable guerre civile dont les atrocités nous sont rapportées avec force détails par Flavius J. qui les a exhortés en vain jusqu'à la prise de Jérusalem et la destruction du temple.

Le talent de l'historien est évident. Sa relation des combats est "journalistique", on s'y croirait. Il célèbre les styles différents de courage guerrier, celui discipliné et prudent des Romains habitués à la victoire dans l'ordre si l'on peut dire, et celui farouche, désespéré, désordonné des Juifs qui n'ont plus rien à perdre et dont les sorties ont parfois dérouté les Romains.

Malgré tout FJ ne présente pas les Juifs sous un jour sympathique, il ne nous épargne aucun des crimes commis par les factieux sur le peuple, aucune des atrocités, des rapines au sein de Jérusalem soumise à la famine ; alors qu'il est capable de décrire avec admiration les légions romaines dans leur armement, dans leurs manoeuvres, dans leur discipline, dans ces travaux surhumains qu'ils réalisent en peu de temps, en vue de la victoire.

Nous avons donc là, avec la guerre des Juifs, une mine d'informations historiques qu'il faut, malgré tout confronter avec d'autres écrits. Car le point de vue de F.J est orienté et ce, d'autant plus, qu'il ne semblait pas admettre d'autres relations que la sienne.

Massada lui apparaît comme le repaire de brigands, des fameux sicaires (issus des zélotes) qui ont préféré, dit-on, se sacrifier par suicide plutôt que de se rendre, là où d'autres verront une résistance acharnée et héroïque.

Demandez aujourd'hui à un Israélien ce qu'il pense de Flavius Joseph et de Massada ; le premier apparaît comme l'archétype du traître, une sorte d'Ephialtès qui conseillait les Romains, comme le véritable, les Perses aux Thermopyles ; le second est un haut lieu d'héroïsme et de résistance…

Un livre, cependant, très intéressant à lire au même titre que la Guerre des Gaules, la vie des douze Césars et autre littérature antique du même genre..., et ce, même si on est surpris de trouver sous une plume qui s'est voulue sérieuse, le mythe crypto-botanique, de la racine de baara

Pat
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