Migrants. Un terme qu'on a trouvé pour parler de ceux qui bougent. Ceux qui se déplacent à cause de la guerre, du climat, des catastrophes. De l'économie. Un terme qu'on utilise pour ne pas dire réfugiés. Parce que les réfugiés, on est obligés de les accueillir. Ceux qui vendent des armes d'une main stoppent ceux qui fuient les tirs de l'autre.
Dans cette maison, à chacune de mes respirations entraient les brises du passé, chargées de l'espoir naïf d'autrefois : tout ira bien, la vie sera merveilleuse, il suffit de partir et de se diriger vers un ailleurs lointain pour trouver ... autre chose.
Je suis partie depuis un siècle. Mes ancêtres ne faisaient que ça, partir. Notre monde existait bien avant les cartes. Les cartes géographiques ne comportent plus de terre incognita, l'homme a marché partout, même sur la Lune. L'expression "là où finissent les cartes" n'a plus de sens.
Mais si on laisse les araignées tisser leurs toiles, après, c'est nous qui risquons d'être pris dedans.
Au paradis, il n'y a pas d'hommes. Sinon ce serait l'enfer.
L'ennui c'est la mort. Le rêve, c'est ce qui nous sauve.
L'homme est notre plus grand prédateur parce que lui seul pense à exterminer. Chez lui, c'est toujours la faute des autres. Les étrangers ont toujours tort. Ceux qui ne sont pas comme eux.
Les hommes ne pensent qu'à ça, leur plaisir. La liberté des autres leur importe peu, quand ils sont du bon côté de la cage.
Ce n'était pas une histoire d'amour. C'était une histoire de guerre. Il me racontait, parce que mes oreilles n'étaient pas fermées à l'horreur. Si elle était présente depuis le début de l'humanité, il y avait bien une raison ? C'était fou de penser ça, mais j'en venais à croire que l'homme ne dompterait pas le monstre en lui avant une sorte d'apocalypse.
On n'est prisonnier que de la routine. De ce que l'on s'impose. On est prisonnier de la fuite aussi, d'une certaine manière. On se condamne à toujours recommencer.