AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Lucilou


Il ne m'aura pas fallu longtemps pour mettre la main sur l'intégral de "Rosalie Blum"!
Si je craignais d'être un peu déçue par ce roman graphique après en avoir beaucoup aimé le film sorti en 2015 (oui, je fais les choses à l'envers parfois!), la découverte toute récente de "Juliette" m'avait toutefois amplement rassurée et j'avais hâte de me plonger dans "Rosalie Blum".

Vincent a trente ans. Il a une petite amie partie faire un stage à Paris et qui ne répond plus lorsqu'il l'appelle, une mère complètement névrosée et castratrice qui le harcèle sans cesse, un cousin un peu beauf mais toujours là pour lui et pour seul ami :un chat. Il a repris, plus par obligation que par passion, le salon de coiffure de son père et lorsqu'il a le temps, il bricole des bateaux, trop petits pour naviguer un jour en vrai sur l'océan.
Vincent est un peu triste, un peu déprimé par sa vie étriquée, qui l'étouffe comme un cache-nez en plein mois d'aout. Il se sent seul.
Un jour qu'il se rend dans une épicerie où il ne met pourtant jamais les pieds d'habitude, il est assailli par une tenace impression de déjà-vu. L'épicière... Il a déjà vu l'épicière... Oui, mais où? Impossible de s'en rappeler et ça le hante, ça vire à l'obsession, tant et si bien que le jeune homme décide de suivre quotidiennement l'épicière. Au gré de ses filatures, Vincent découvre des bribes de la vie de Rosalie Blum: ses habitudes, ses cours de chant, ses verres de whiskys, sa solitude.
Mais n'est pas détective privé qui veut et Rosalie finit par se rendre compte qu'elle est suivie. Commence alors entre eux deux et à grands renforts d'une escouade de choc un jeu du chat et de la souris dont on ne sait plus qui est le chat et qui est le souris.

L'histoire, servie par des couleurs toutes douces et un trait qui fait dans la rondeur, a l'air douillette, tendre. A bien des égards, elle l'est, mais ce serait naïf et dommage surtout de la réduire à cela. Les personnages de "Rosalie Blum" sont cabossés, ils souffrent ou ont souffert et portent en eux des histoires douloureuses, sombres que savent retranscrire le trait de Camille Jourdy et le ton très caustique, voire cynique, du texte.
"Rosalie Blum", c'est la rencontre de personnages souvent tristes et toujours décalés qui essaient de panser leurs blessures, englués dans un quotidien croqué de manière hyperréaliste et d'autant plus douloureux qui s'apprivoisent et tentent de se tirer vers le haut. ça ressemble à la vraie vie, en plus déjanté, et ça étreint, ça remue, ça poigne, ça émeut et finalement, ça fait du bien.

Doux-amer, comme la mélancolie du temps qui passe et des dimanches soirs. Doux-amer, comme ces au revoir à ceux qu'on aime, ces au revoir qui font pleurer.
Même que des fois, pleurer fait du bien, parce qu'il en sort parfois des arc-en-ciel, un peu comme dans "Rosalie Blum".
Commenter  J’apprécie          152



Ont apprécié cette critique (14)voir plus




{* *}