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Critique de tynn


tynn
10 septembre 2020
On entre dans ce gros bouquin en archéologue, dans les pas d'universitaires étudiant les documents d'une genizah, découverts lors d'une restauration de vieille maison anglaise: correspondances, sermons, documents profanes dans une cache secrète.
Des archives juives oubliées d'où émerge la plume d'un improbable jeune scribe de rabbin.

Deux femmes, Helen et Ester, se retrouvent intimement liées au -delà du temps, l'une cherchant l'autre, et découvrant en même temps que le lecteur le parcours chaotique et subversif d'une intelligence féminine brillante. le quotidien d'Ester au 17e siècle se confronte à ses impérieux désirs de connaissance et aux modes archaïques de pensée de sa communauté, et plus largement de son époque: le rôle de maison des femmes, l'impératif du mariage et des enfants, l'impossibilité de survivre par elles-mêmes.

Sans surprise, la structure de ce livre complexe alterne le travail de recherche contemporaine avec le cadre historique d'une société juive à Londres. Comme souvent dans cette dualité de construction, l'intérêt est plus accroché par la fiction passée et le romanesque attaché au destin des personnages, plus réels, plus travaillés dans leur quotidien.

Les querelles intestines des chercheurs paraissent parfois sans grand intérêt, au regard de la destinée de la communauté séfarade portugaise qui a émigré vers l'Europe du nord, fuyant l'Inquisition. L'auteure n'a pas ménagé les détails pour nous dessiner Londres post Cromwell, la violence larvée subie par les juifs anglais préférant l'assimilation discrète pour sécurité et la grande épidémie de peste de 1665.

On ne peut aussi fait l'impasse sur l'exploration intellectuelle et philosophique de ce qu'est « être juif », de devoir choisir entre le martyr et l'instinct de survie, de suivre les préceptes du dogme sans autocritique.

Un livre qui se mérite, qui possède un souffle indéniable en dépit de ses lourdeurs, et dont le titre original « le poids de l'encre » apparaît plus pertinent
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