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Critique de mumuboc


Un inspecteur est délégué sur une île dont on ne connaît pas le nom (mais où il est question de Kommandantur) pour faire un rapport sur la manière dont sont traités les prisonniers coupables de manquements, indisciplines ou condamnés. le "bourreau", gardien du lieu, a mis au point, avec le précédent commandant décédé, une machine diabolique qui imprime dans la chair, très progressivement, la condamnation.

Franz Kafka qui donna son nom au terme "kafkaïen", entré dans le langage courant, porte ici toute sa définition : absurde, torturé, compliqué dont on a du mal à définir le sens. L'auteur a imaginé une machine digne des plus grands bourreaux (mais faisons confiance à l'humanité pour faire preuve d'autant d'imagination dans les années qui suivirent) et donne la parole à son concepteur qui prend un plaisir non dissimulé à détailler, dans les moindres détails et avec une sorte de sadisme jubilatoire toute la machinerie et va même jusqu'à demander d'en préserver l'usage au péril de sa propre vie.

Je dois avouer que durant toute ma lecture j'ai senti le malaise monté, l'horreur de la situation, dans cette salle de tortures, écoutant avec le futur torturé qui n'a pas l'air de comprendre le sort qui lui ai réservé,  les explications fournies sur le déroulement de la sentence. J'ai tenté de déceler dans le récit l'arrière-pensée de l'auteur : une interprétation personnelle de l'usage fait de la torture et du plaisir que peut ressentir ceux qui la pratiquent, un délire sadomasochiste qui se voudrait absurde mais on sait que quand il est question de tortures les hommes, depuis la nuit des temps ont fait preuve d'imagination ? 

C'est un texte marquant (excusez-moi pour l'analogie sur la machine), qui m'a profondément troublée sans que j'en connaisse exactement la raison mais sans pouvoir lâcher ma lecture pour autant ou l'abandonner par dégoût. Je voulais savoir pourquoi, quel était le but de cet écrit. Et si finalement c'était simplement une fable sur les capacités de l'homme à faire du mal, à pousser la torture jusqu'à son paroxysme avec un bourreau presque en état second, convaincu des bienfaits de sa machine et préférant demander un faux témoignage de peur de la voir disparaître. Et puis la fascination du bourreau pour son commandant disparu, perpétuant sa volonté, ses souhaits au-delà de sa disparition, ..... Prémonitoire de ce que les hommes sont capables de faire au nom d'un idéal.

Le recueil comportait d'autres nouvelles, mais je dois avouer que je n'en saisissais pas le sens pour la plupart et ai abandonné le recueil. Il s'agissait plus de courts récits, de petites chroniques, tenant parfois en quelques lignes, certains textes comme des ébauches d'écriture, de notes sur des scènes vues, mais comme j'étais encore sous le coup de mon voyage dans la colonie disciplinaire, j'avais beaucoup de mal à y trouver un intérêt ou du sens.

Une expérience de lecture troublante et en plus un visage et des yeux sur la couverture qui à chaque fois que je prenais le livre me donnait l'impression de plonger au plus profond de moi, de me sonder, de chercher à trouver les failles et dont je ressentais à la fois toute la noirceur mais également une sorte de résignation à ne déceler que le négatif.

Je n'ose pas dire que j'ai aimé et pourtant oui j'ai aimé car cette lecture va rester en moi pour longtemps. Je ne sais pas si je lirai à nouveau Franz Kafka. Je ne suis pas sûre d'apprécier son univers, ses pensées et même de comprendre ce qu'il veut transmettre mais je suis ravie d'avoir participer à ce challenge Mai en nouvelles qui m'a permis de comprendre pourquoi Kafka a laissé son empreinte dans notre langage à travers un texte aux multiples interprétations.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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